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Voeux 2019 : merci !
600 personnes rassemblées hier à Toul où, avec Martine Huot-Marchand, nous accueillions la philosophe Cynthia Fleury pour une soirée de voeux placée sous le signe de la nécessaire réconciliation du pays.
Une réconciliation en deux dimensions, celle du renouveau démocratique par l'engagement citoyen et l'éducation civique et celle de la justice sociale et écologique.
Dans l'esprit des débats qui vont se mettre en place sur le pays, je proposerai dans le courant du printemps, à tous les citoyens désireux, de participer un « hackathon* » fiscal pour inventer ensemble une réforme de l'impôt et un projet de budget pour la France qui mettent en oeuvre à la fois la réduction des inégalités et celles des gaz à effet de serre.
Autre perspective qui nous anime pour 2019, celle de l'Europe avec la défense d'un nouveau modèle d'entreprise qui le distingue du capitalisme d'état asiatique comme du libéralisme anglo-saxon et un regard renouvelé sur l'Afrique, le grand Sud européen, pour une autre réconciliation, avec nos valeurs cette fois-ci !
« Lorsqu'un seul homme rêve, ce n'est qu'un rêve. Mais si beaucoup d'hommes (et de femmes) rêvent ensemble, c'est le début d'une nouvelle réalité. » nous rappelle Martine Huot-Marchand citant Friedensreich Hundertwasser
Retrouvez le discours de Martine Huot-Marchand :
"2019, la Déclaration universelle des droits de l'Homme a 70 ans. L'occasion pour ces voeux de rappeler son article 4 : « Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude. » L'occasion également d'aller plus loin en se demandant :« Et si l'enjeu était de nous affranchir des esclavages modernes ? » Une question bienvenue, qui interroge l'avenir de notre humanité.
2019, c'est aussi l'année des 30 ans de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant. Parce qu'elle a toujours fait partie de mon combat, je souhaite introduire mes voeux en donnant la parole à des enfants. Eux aussi ont envie de porter leur propre parole. J'ai choisi deux enfants d'Europe et deux enfants du continent africain, parce qu'ils se sont exprimé en décembre dernier.
Mon petit-fils Robin, 7 ans : « Moi, si j'étais président, je donnerais l'argent aux pauvres, je dirais de pas taper les enfants, de pas couper les arbres, et de pas fumer… » Un beau programme dont les adultes pourraient s'inspirer.
Greta Thunberg, jeune Suédoise âgée de 15 ans : « … Tous les vendredis, j'irai m'asseoir devant le Parlement suédois, je n'irai pas à l'école, pour me battre pour le climat jusqu'à ce que la Suède soit alignée sur l'accord de Paris. Je pense que nous, les enfants, devrions nous mettre en colère, faire entendre notre voix et rendre toutes les générations responsables de ce qu'elles ont créé… Comme nos dirigeants se comportent comme des enfants, nous devrons assumer la responsabilité qu'ils auraient dû assumer depuis longtemps… »
Farid, un jeune marocain à peine plus âgé que Robin, répond à une journaliste qui lui demande pourquoi il veut absolument aller en Espagne alors qu'il risque de mourir noyé : « Je suis déjà mort ! »
Toujours au Maroc, mais à Rabat, nous avons été reçus par une association de migrants d'Afrique sub-saharienne qui, soutenue par l'OIM, prend en charge une formation et le retour des jeunes dans leur famille d'origine avec un pécule de 500 euros. Pour ces derniers, être bloqué au Maroc est un échec. Leur espoir de passer en Europe s'arrête là, après la terrible traversée d'un désert qui tue davantage d'enfants que la mer, et les tortures des passeurs aux check point pour que les familles envoient de l'argent…
Mamadou, jeune Guinéen du même âge que Greta nous dit : « Jamais j'aurais pensé que la traversée du désert c'était si difficile avec les check point, la violence et beaucoup de morts. Mais maintenant que j'ai mon diplôme, je suis content de revenir dans mon pays… ». Ce bel enfant au regard triste a la sagesse d'un vieillard.
Qu'elle est douloureuse cette espérance qui se perd dans le désert ou se noie dans la mer ! En écoutant ces enfants nés de l'autre côté de la Méditerranée, on reste sidéré, silencieux, avec la furieuse tentation de prendre ces enfants dans nos bras pour pleurer ensemble…
Au lieu de vouloir « sécuriser » des frontières sans cesse trouées, que ces frontières soient d'eau salée, de sable et de désert, de neige et de glace, de grillage et de boue, de check point de passeurs ou d'interminables pièges administratifs, l'Europe peut faire le choix d'aider autrement les pays du sud, en partageant les savoir-faire réciproques, en considérant chaque programme comme un ensemble d'actions de prévention destinées aux enfants et aux familles les plus pauvres, à leur environnement et à l'économie locale. S'occuper des trois santés, humaine, écologique, économique permettrait de limiter cette épouvantable hémorragie d'enfants et de jeunes…
Pour que les enfants du sud aient les mêmes droits que ceux du nord, le département de Meurthe-et-Moselle et la province de Sidi Kacem, au Maroc, ont porté ensemble une coopération autour de la protection de l'enfance.
Ce partenariat a reçu le soutien du Ministère français des Affaires étrangères et du Ministère marocain de l'Intérieur. La coopération a fonctionné durant cinq ans grâce aux associations Khamsa (France), AMIS (Maroc) et l'équipe française, dont je faisais partie. Elle a permis de réaliser un document pratique de prévention et de protection de l'enfance. Ratifié par les élus des deux pays, il est mis à la disposition des autres provinces.
Nous avons présenté ce schéma de protection de l'enfance lors du forum mondial des associations de défense des droits humains et de la migration à Marrakech les 8 et 9 décembre dernier. Quelques mots sur son contenu :
- un principe : le lieu naturel de l'enfant, c'est sa famille, ce n'est ni la rue, ni l'institution, ni pour les petites filles, l'embauche trop tôt dans une famille plus aisée pour y travailler comme petite bonne. Il faut tout faire pour maintenir chaque enfant dans sa famille, à l'aide d'un développement social fort pour que chaque famille soit autonome, avec les moyens de s'occuper de ses enfants.
- une évidence : le partenariat avec les associations est très efficace pour toute action qui nécessite de la solidarité.
- des actions :
former les professionnels pour intervenir dans les familles, les quartiers défavorisés, en périphérie, et forger chaque réponse à chaque besoin en réseau,
mettre à disposition des collectivités qui le souhaitent les expériences acquises en collaboration, dont le schéma de protection de l'enfance élaboré ensemble, et les accompagner.
Ceux qui pensent que ce n'est qu'une goutte d'eau dans la mer des besoins de tous ces enfants qui fuient la misère, la guerre, le climat ont raison. Sauf si toutes les coopérations ayant pour objectif l'enfant, l'écologie, l'économie locale, se multiplient, et pourquoi pas, se mutualisent dans le cadre d'un projet à l'échelle de la planète. On peut rêver ensemble.
Ces années de travail en commun ont créé des liens forts entre un territoire d'un pays du nord et un territoire d'un pays du sud ; et nous avons appris de l'autre.
Chaque fois que je me suis retrouvée sans aucun moyen face à une misère sanitaire et sociale quasi totale, j'éprouvais un sentiment étrange face aux enfants dont nous réalisions les bilans ; enfants des quartiers pauvres, enfants vivant dans la rue, enfants avec un handicap, enfants en pouponnière ou jeunes en foyer…, je sentais qu'il y avait quelque chose qui faisait qu'ils restaient vivants, que la vie les poussait, que le sourire n'était jamais loin… Un jour, j'ai compris : ce quelque chose, c'est la part d'humain qu'il y a en chacun. Dans le dénuement des réponses de soin, cette humanité agit toute seule et se voit. Évidente là-bas, elle ne se perçoit pas de la même manière ici quand la technicité lui sert de paravent. Quelle belle leçon !
Les quatre enfants dont j'ai rapporté les propos disent à leur manière : « Nous avons urgemment besoin de décisions sans ambiguïté, de prises de position sans concession, mais justes, portées par tous, notamment les générations précédentes. Sinon l'humanité se privera de son futur… »
Cela veut dire que nous, les adultes, devons d'urgence retrousser nos manches et nous affranchir des esclavages modernes ; en premier lieu ceux dans lesquels nous nous enfermons nous-mêmes.
Lâcher prise sur ces esclavages est un enjeu fort car nous sommes dans la vie comme l'éléphant de cette histoire hindoue :
Au nord de l'Inde, lorsque l'éléphanteau naît, on l'attache par un pied à un arbre. Il tente vainement de briser la corde qui le relie à l'arbre. Après quelques semaines, il renonce à la lutte et accepte son entrave. Pendant quelques semaines encore, on continue à mettre une entrave à son pied, mais il n'y a plus besoin de mettre une chaîne entre le cercle de métal qui entoure sa patte et l'arbre, car l'éléphanteau a intériorisé le fait qu'il était enchaîné. Il n'essaie même plus de s'en aller. Jusqu'à la fin de sa vie, il reste prisonnier de sa croyance et de son habitude, alors qu'il n'est plus relié à l'arbre.
Nos croyances et nos habitudes sont les premiers obstacles au lâcher-prise. Nous nous y accrochons comme des forcenés au lieu d'apprendre à laisser de côté ce qui n'a plus lieu d'être, ce qui nous limite, ce qui nous empêche d'aller de l'avant.
C'est-à-dire :
faire dépendre notre bonheur des autres, des circonstances extérieures ou de ce qu'on achète ;
croire que quelque chose ou quelqu'un nous est nécessaire pour être nous-même ;
s'agripper à la direction que notre vie a prise alors que prendre un virage est urgemment nécessaire ;
ressasser nos griefs, nos amertumes, nos haines, nos peurs de l'autre ;
penser comme si nous étions victimes et non acteurs de nos vies,
refuser de dépasser ce qui a été douloureux dans nos parcours et de faire les deuils nécessaires…
Lâcher prise, c'est adopter un état d'esprit qui consiste à abandonner peu à peu ce qui nous emprisonne comme on retire chaque pelure de l'oignon, pour, enfin, faire connaissance avec qui l'on est vraiment, s'ouvrir à ce qui vient, en confiance avec soi-même et avec les autres…
J'ai déjà évoqué plusieurs outils lors des voeux, comme l'écologie relationnelle, la politique de l'estime de soi…, que je vous invite à réviser. Mais le lâcher prise va plus loin encore. Il répond à la question du début ; l'enjeu est bien de nous affranchir de nos esclavages modernes afin de rêver ensemble une autre civilisation…
« Lorsqu'un seul homme rêve, ce n'est qu'un rêve. Mais si beaucoup d'hommes (et de femmes) rêvent ensemble, c'est le début d'une nouvelle réalité. » Friedensreich Hundertwasser, artiste autrichien du siècle dernier, écologique et engagé.
Je souhaite à tous de lâcher prise et de rêver ensemble…