Dominique Potier
Député de la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle
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Jeudi 29 septembre 2016

Tribune d'Abdennour Bidar

Tribune d'Abdennour Bidar

Le retour du spirituel pour le meilleur et pour le pire,
par Abdennour Bidar
L'Obs.


Nous y voilà. Après deux siècles de reflux, la mer du spirituel remonte. Pour le meilleur et pour le pire. Le pire de pulsions obscurantistes dont les religions n'ont pas réussi à se débarrasser : intolérance et superstitions ; empire de la soumission de la créature à Dieu, de l'individu au groupe, du fidèle au clerc, et trop souvent de la femme à l'homme. Et une radicalité de tous les intégrismes où s'exprime le désarroi d'agonie de systèmes saisis par la terreur de se voir inexorablement mourir.
 

Mais le spirituel revient également pour le meilleur. Parfois même du côté de la religion, lorsqu'elle ne s'érige pas en maître de vérité. De plus en plus d'héritiers – de l'islam, du christianisme, du judaïsme, etc. – vont puiser à ces sources des perles d'inspiration. On ne va plus vers les textes pour obéir mais pour méditer. Trouver son chemin de vie personnel. On relit la Bible, le Coran, la Bhagavad-Gita, etc. pour y ressentir le mystère de l'univers et de notre condition humaine.
 

Grandir en humanité
 

Chacun tente de s'ouvrir aussi aux grands textes des autres et la nouvelle quête de sens fait exploser tous les cadres. Elle déborde les murs et les frontières du religieux qui n'a plus le monopole de rien. Le chercheur de sagesse est aujourd'hui un nomade spirituel, un explorateur, un omnivore qui cherche partout de la nourriture pour son âme, partout une expérience initiatique, y compris dans les domaines les plus profanes de sa vie : ses amours, ses réseaux, son job, ses engagements…

A tout, il demande la valeur ajoutée du sens, de l'authenticité, de la simplicité, de la beauté, de l'intensité, de la qualité plutôt que de la quantité. Cette soif est "spirituelle", car elle vient s'étancher aux mille et une sources de l'existence où jaillit quelque chose qui peut nous faire grandir en humanité. N'est-ce pas là l'aurore d'une spiritualité enfin partageable entre nous tous, athées, agnostiques, croyants de toutes confessions ?
 

Voyez à quel point les générations qui arrivent sont mues par cette immense espérance d'une respiritualisation du monde. Leurs aînées sécularisées se battaient pour une société qui soit la plus juste. A ce combat pour le progrès politique, ces nouvelles générations veulent ajouter le progrès d'être et de conscience. Elles perçoivent que les deux sont inséparables, que la transformation personnelle sera demain la condition – l'énergie – de la transformation sociale. Elles refusent le monde d'hier, qui ne donnait plus guère de droit de cité au spirituel. Qui mesurait la valeur d'une vie en termes de réussite matérielle, de plaisirs sensibles.
 

Ici et maintenant
 

En rupture avec ce modèle, notre jeunesse veut éprouver la joie bien plus exaltante de se sentir vivante. De sentir couler en soi la sève des grands liens nourriciers qui dilatent l'esprit et le coeur jusqu'à l'infini : le lien physique de fraternité avec tous les autres, sans limite de couleur ou de croyance ; le lien physique de communion profonde avec la nature ; le lien physique avec les palpitations de sa propre âme… cette sublime source lumineuse décrite par toutes les traditions de sagesse d'Orient et d'Occident.
 

J'insiste sur le mot "physique" parce que la vie spirituelle qui émerge ne tend plus vers un au-delà. Elle veut se trouver ici et maintenant, dans tout geste, tout acte, tout engagement. La vie spirituelle cherche à devenir la vie tout court. Tel est selon moi l'événement de ce début de XXIe siècle.


Abdennour Bidar

Philosophe, essayiste, spécialiste de l'islam et des évolutions contemporaines de la vie spirituelle.

A retrouver en ligne sur le site de l'Obs

 
 
 
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