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Le Pape François a reçu le 1er mars dernier des représentants du mouvement personnaliste. J'ai eu l'honneur de faire partie de cette délégation – à titre privé et au nom de mon engagement comme fondateur d'Esprit Civique – aux côtés de deux collègues députés, de responsables associatifs, du monde de l'entreprise… qui, dans la diversité des âges et des sensibilités, sont engagés dans les combats humanistes.
 
Cette rencontre exceptionnelle fut précédée par un temps d'échange à l'Ambassade de France au Vatican puis d'un dialogue avec deux sénateurs du Parti démocrate qui a permis une une réflexion sur la culture politique et le champ des réformes engagés en Italie.
 
Exceptionnelle, cette rencontre le fut par sa durée, par la simplicité et par la qualité du dialogue, ce qui est une première leçon de comportement politique : la responsabilité, fut-elle immense, peut se conjuguer avec l'attention à chacun, l'absence de tout protocole et de toute mondanité, et le rire partagé, celui qui dit la vérité de l'échange. Cette humilité fonde toute la pensée de François, en témoignent ces mots très puissants partagés avec nous : "Je comprends mieux ma foi depuis la périphérie".
 
Nous avons repris cette image pour l'interroger sur l'Europe et les mutations qu'elle traverse. Le Pape nous rappelle alors à notre responsabilité : accueillir, nous ouvrir, pour faire de notre diversité assumée un modèle pour le monde. La radicalité des propos de François donne la mesure de la responsabilité de ceux qui y trouvent leur inspiration: «Parfois je me demande où vous trouverez un Schuman ou un Adenauer, ces grands fondateurs de l'Union européenne». Le Pape a rappelé alors à l'un des plus jeunes d'entre nous que l'engagement politique, cette forme supérieure de la charité, a toute sa nécessité. Cet engagement doit nous permettre de prendre tous les risques pour avancer sur un chemin partagé.
 
Nous lui avons dit la réception de Laudato Si dans l'ensemble du monde politique et l'impact de ses paroles dans le champ social, celles qui intègrent la transcendance dans la personne humaine. Cette ressource spirituelle renouvelée et cette écoute bienveillante, renforcent la nécessité pour nous de réfléchir sur les relations entre démocratie et spiritualité.
 
Membres d'Esprit Civique, nous étions venus écouter une autorité spirituelle pour nourrir la bataille d'idées qui nous anime, mais c'est du corps dont François nous a parlé, celui qui souffre, celui qui accueille. 
 
Dernier message de François : l'engagement politique n'est pas réductible à une négociation du consensus, il est la recherche du sens, ce qui suppose d'accepter de perdre quelque chose pour  viser le bien commun. Il nous invite à privilégier le temps long, « à initier des processus plutôt que d'occuper des espaces ».    

Retrouvez le dossier spécial que La Vie a consacré à cette rencontre