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Mercredi 05 janvier 2022
Oui au pass vaccinal
Chaque parole publique doit contribuer à nous unir face au drame : depuis 24h en France 246 morts, 3695 cas critiques, 332252 nouvelles contaminations. Le plus vite désormais, adopter le pass vaccinal. À moyen terme, refonder la confiance dans la science, nos institutions et la démocratie dans notre pays.
Retrouvez mon interview France Bleu Sud Lorraine (en date du 05/01/2022), et ci-dessous mon courrier explicatif :
Depuis maintenant deux ans, j'exerce avec mon groupe parlementaire un travail exigeant de vigilance et de propositions sur une politique gouvernementale qui nous est apparue pour le moins hésitante à bien des moments clés de la lutte contre la pandémie. Je me suis cependant toujours refusé à "tirer sur l'ambulance" tant la situation est inédite et les responsabilités partagées. Mon énergie a pour l'essentiel été investie aux côtés des acteurs publics et privés de ma circonscription dans la mise en oeuvre de réponses concrètes aussi justes et efficaces que possible.
Notre priorité commune aujourd'hui doit clairement être de limiter les conséquences humaines de la circulation du variant Omicron. A l'issue du débat sur le projet de loi transformant notamment le pass sanitaire en pass vaccinal, et après avoir beaucoup écouté et consulté, j'ai décidé en conscience de voter pour ce texte.
En effet, je défends depuis juillet, avec mon groupe parlementaire, le principe de la vaccination obligatoire pour tous les adultes. Celle-ci présente plusieurs avantages : une règle claire, applicable à toutes et tous sauf contre-indication médicale, un suivi possible par les Caisses Primaires d'Assurance Maladie, de la pédagogie et l'engagement de la responsabilité de l'État, qui ainsi ne se défausserait pas sur la seule conscience citoyenne pour garantir la santé de tous.
Je regrette que ce texte ait été préparé dans l'urgence, alors qu'une anticipation aurait largement pu éviter ces crispations. Je regrette également que celui-ci laisse en suspens des interrogations quant à la protection des données personnelles de santé et sur la responsabilité en matière de contrôle d'identité d'acteurs dont ce n'est pas la mission. L'État déporte alors sa responsabilité sur les professionnels du secteur privé (restaurateurs, etc.). Je considère enfin que le pass, quel que soit sa forme, ne doit priver personne de l'accès à des biens et services essentiels, et que les contrôles doivent de toute évidence relever des seuls agents assermentés par la puissance publique.
Je me félicite en revanche que le Gouvernement ait entendu notre vive opposition à ce que le pass vaccinal s'applique aux jeunes de 12 à 15 ans pour les activités sportives et de loisirs. En effet, les jeunes, dont les parents refuseraient la vaccination, n'auraient pas pu disposer du pass vaccinal et se seraient donc vu privés de ces activités indispensables pour leur bon développement.
Ainsi, j'assume la volonté d'une obligation vaccinale, et in fine d'avoir voté en faveur de ce texte. Au jour de l'adoption du texte en première lecture, jeudi 6 janvier, le nombre de cas positifs était de 261 481 personnes en France. Au-delà des cas de contamination, la vague continue à monter à l'hôpital, où 21 169 malades du COVID sont hospitalisées, dont 3 759 en soins critiques. Ceci est dû au fait qu'une grande partie de ces patients ne sont pas vaccinés[1], alors qu'une autre partie d'entre eux sont immunodépressifs et souffrent de la circulation encore trop grande du virus.
A court terme, la vaccination est notre seule arme, car elle seule protège, surtout ceux qui sont les plus éloignés, de façon systémique, du système de soin, c'est à dire les plus précaires socialement et géographiquement. Tout doit être fait pour éviter de nouvelles victimes directes et indirectes ne pouvant être prises en charge par nos hôpitaux. J'ai eu l'occasion la nuit du 31 décembre de constater aux services des urgences de Toul l'épuisement et la légitime indignation du personnel médical. Face à l'arrivée de nouveaux patients COVID et aux contraintes sanitaires et logistiques imposés par leur prise en charge, ne cessent de se poser pour les soignants des arbitrages qui ont parfois pour conséquence une perte de dignité dans la prise en charge de l'ensemble des patients.
Outre la critique de la politique gouvernementale de sa gestion de l'hôpital public, et tout particulièrement du maintien de fermeture des lits même en pleine crise sanitaire, le personnel soignant n'en peut plus de compenser le manque de responsabilité de certains citoyens dans la traversée de cette crise. Il nous faut, au coeur de la pandémie qui s'étire, renforcer notre pacte de droits et devoirs pour sauver des vies et sortir le mieux possible de cette situation qui nous épuise tous. Nous ne nous en sortirons pas les uns sans les autres. Nous ne guérirons pas les uns sans les autres.
Le caractère obligatoire de la vaccination existe déjà aujourd'hui pour un ensemble de 10 vaccins administrés aux enfants, et il constitue une forme d'assurance-vie pour notre société. Aussi, l'obligation vaccinale seule peut à notre sens garantir un déploiement proportionné de la vaccination pour protéger nos concitoyens les plus fragiles et par là même notre pays. Elle est, dans l'esprit de la République sociale, inclusive pour l'ensemble des citoyens et incarne l'équilibre entre nos valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité.
Considérons par ailleurs que l'obligation vaccinale n'est pas un positionnement franco-français, mais bien une option pour vaincre la pandémie étudiée par nos partenaires européens :
Ces exemples nationaux illustrent que ce qui est vrai pour notre société française vaut pour la planète. Nous subissons tous cette pandémie. C'est la raison pour laquelle je plaide pour une politique vaccinale internationale solidaire d'abord par humanisme mais également par réalisme. Il nous faut lever les brevets sur les vaccins et partager les savoir-faire technologiques pour leur fabrication et administration. La leçon de la pandémie à moyen et long terme est l'urgence d'une politique de prévention à tous les niveaux : celui des désordres écologiques générateurs de zoonoses, celui du souci d'un état de santé global des populations, et celui, enfin, d'un système public renforcé.
Enfin, notre désaccord à ce stade ne porte pas seulement sur le caractère obligatoire du vaccin mais sur sa nature, notamment lié à l'ARN messager. Je vous avoue être inquiet du décalage grandissant entre la défiance parfois systématique envers les institutions publiques et scientifiques et la confiance accordée dans des sources d'informations qui ne sont l'objet d'aucun examen critique. Je me permets d'attirer votre attention sur le risque accéléré de bulles d'informations qui alimentent une pensée circulaire dépourvue de confrontation scientifique et de débat démocratique.
J'espère que dans notre État de droit nous pourrons retrouver confiance dans les autorités sanitaires publiques qui évaluent le bénéfice-risque des médicaments et des vaccins. Les moyens qui leurs sont dévolus, leur indépendance et leur éthique ont été constamment renforcés dans un véritable continuum législatif. Dans une démocratie moderne, "science et conscience” doivent ainsi être mises au service du bien commun.
L'urgence est à la protection des plus fragiles dans cette pandémie, il nous faut en responsabilité et dans un esprit humaniste, prendre toutes les mesures qui permettent une sortie de crise dans la solidarité.
Retrouvez mon interview France Bleu Sud Lorraine (en date du 05/01/2022), et ci-dessous mon courrier explicatif :
Depuis maintenant deux ans, j'exerce avec mon groupe parlementaire un travail exigeant de vigilance et de propositions sur une politique gouvernementale qui nous est apparue pour le moins hésitante à bien des moments clés de la lutte contre la pandémie. Je me suis cependant toujours refusé à "tirer sur l'ambulance" tant la situation est inédite et les responsabilités partagées. Mon énergie a pour l'essentiel été investie aux côtés des acteurs publics et privés de ma circonscription dans la mise en oeuvre de réponses concrètes aussi justes et efficaces que possible.
Notre priorité commune aujourd'hui doit clairement être de limiter les conséquences humaines de la circulation du variant Omicron. A l'issue du débat sur le projet de loi transformant notamment le pass sanitaire en pass vaccinal, et après avoir beaucoup écouté et consulté, j'ai décidé en conscience de voter pour ce texte.
En effet, je défends depuis juillet, avec mon groupe parlementaire, le principe de la vaccination obligatoire pour tous les adultes. Celle-ci présente plusieurs avantages : une règle claire, applicable à toutes et tous sauf contre-indication médicale, un suivi possible par les Caisses Primaires d'Assurance Maladie, de la pédagogie et l'engagement de la responsabilité de l'État, qui ainsi ne se défausserait pas sur la seule conscience citoyenne pour garantir la santé de tous.
Je regrette que ce texte ait été préparé dans l'urgence, alors qu'une anticipation aurait largement pu éviter ces crispations. Je regrette également que celui-ci laisse en suspens des interrogations quant à la protection des données personnelles de santé et sur la responsabilité en matière de contrôle d'identité d'acteurs dont ce n'est pas la mission. L'État déporte alors sa responsabilité sur les professionnels du secteur privé (restaurateurs, etc.). Je considère enfin que le pass, quel que soit sa forme, ne doit priver personne de l'accès à des biens et services essentiels, et que les contrôles doivent de toute évidence relever des seuls agents assermentés par la puissance publique.
Je me félicite en revanche que le Gouvernement ait entendu notre vive opposition à ce que le pass vaccinal s'applique aux jeunes de 12 à 15 ans pour les activités sportives et de loisirs. En effet, les jeunes, dont les parents refuseraient la vaccination, n'auraient pas pu disposer du pass vaccinal et se seraient donc vu privés de ces activités indispensables pour leur bon développement.
Ainsi, j'assume la volonté d'une obligation vaccinale, et in fine d'avoir voté en faveur de ce texte. Au jour de l'adoption du texte en première lecture, jeudi 6 janvier, le nombre de cas positifs était de 261 481 personnes en France. Au-delà des cas de contamination, la vague continue à monter à l'hôpital, où 21 169 malades du COVID sont hospitalisées, dont 3 759 en soins critiques. Ceci est dû au fait qu'une grande partie de ces patients ne sont pas vaccinés[1], alors qu'une autre partie d'entre eux sont immunodépressifs et souffrent de la circulation encore trop grande du virus.
A court terme, la vaccination est notre seule arme, car elle seule protège, surtout ceux qui sont les plus éloignés, de façon systémique, du système de soin, c'est à dire les plus précaires socialement et géographiquement. Tout doit être fait pour éviter de nouvelles victimes directes et indirectes ne pouvant être prises en charge par nos hôpitaux. J'ai eu l'occasion la nuit du 31 décembre de constater aux services des urgences de Toul l'épuisement et la légitime indignation du personnel médical. Face à l'arrivée de nouveaux patients COVID et aux contraintes sanitaires et logistiques imposés par leur prise en charge, ne cessent de se poser pour les soignants des arbitrages qui ont parfois pour conséquence une perte de dignité dans la prise en charge de l'ensemble des patients.
Outre la critique de la politique gouvernementale de sa gestion de l'hôpital public, et tout particulièrement du maintien de fermeture des lits même en pleine crise sanitaire, le personnel soignant n'en peut plus de compenser le manque de responsabilité de certains citoyens dans la traversée de cette crise. Il nous faut, au coeur de la pandémie qui s'étire, renforcer notre pacte de droits et devoirs pour sauver des vies et sortir le mieux possible de cette situation qui nous épuise tous. Nous ne nous en sortirons pas les uns sans les autres. Nous ne guérirons pas les uns sans les autres.
Le caractère obligatoire de la vaccination existe déjà aujourd'hui pour un ensemble de 10 vaccins administrés aux enfants, et il constitue une forme d'assurance-vie pour notre société. Aussi, l'obligation vaccinale seule peut à notre sens garantir un déploiement proportionné de la vaccination pour protéger nos concitoyens les plus fragiles et par là même notre pays. Elle est, dans l'esprit de la République sociale, inclusive pour l'ensemble des citoyens et incarne l'équilibre entre nos valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité.
Considérons par ailleurs que l'obligation vaccinale n'est pas un positionnement franco-français, mais bien une option pour vaincre la pandémie étudiée par nos partenaires européens :
- En Grèce, le vaccin contre le Covid-19 sera obligatoire dès janvier 2022.
- En Allemagne, le nouveau chancelier Olaf Scholz souhaite que la vaccination soit obligatoire à partir de février 2022.
- En Autriche, le vaccin contre le Covid-19 sera obligatoire dès mars 2022.
- En Pologne, le vaccin sera obligatoire à partir du 1er mars pour les professions médicales, le corps enseignant, l'armée et la police.
- L'Italie a annoncé le 6 janvier rendre obligatoire la vaccination pour les + de 50 ans.
Ces exemples nationaux illustrent que ce qui est vrai pour notre société française vaut pour la planète. Nous subissons tous cette pandémie. C'est la raison pour laquelle je plaide pour une politique vaccinale internationale solidaire d'abord par humanisme mais également par réalisme. Il nous faut lever les brevets sur les vaccins et partager les savoir-faire technologiques pour leur fabrication et administration. La leçon de la pandémie à moyen et long terme est l'urgence d'une politique de prévention à tous les niveaux : celui des désordres écologiques générateurs de zoonoses, celui du souci d'un état de santé global des populations, et celui, enfin, d'un système public renforcé.
Enfin, notre désaccord à ce stade ne porte pas seulement sur le caractère obligatoire du vaccin mais sur sa nature, notamment lié à l'ARN messager. Je vous avoue être inquiet du décalage grandissant entre la défiance parfois systématique envers les institutions publiques et scientifiques et la confiance accordée dans des sources d'informations qui ne sont l'objet d'aucun examen critique. Je me permets d'attirer votre attention sur le risque accéléré de bulles d'informations qui alimentent une pensée circulaire dépourvue de confrontation scientifique et de débat démocratique.
J'espère que dans notre État de droit nous pourrons retrouver confiance dans les autorités sanitaires publiques qui évaluent le bénéfice-risque des médicaments et des vaccins. Les moyens qui leurs sont dévolus, leur indépendance et leur éthique ont été constamment renforcés dans un véritable continuum législatif. Dans une démocratie moderne, "science et conscience” doivent ainsi être mises au service du bien commun.
L'urgence est à la protection des plus fragiles dans cette pandémie, il nous faut en responsabilité et dans un esprit humaniste, prendre toutes les mesures qui permettent une sortie de crise dans la solidarité.