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OSONS !
Découvrez les premiers extraits de cet appel.
« Les sommets sur le climat se succèdent, les conférences sur l'état de la planète se multiplient, nous croulons sous l'avalanche de rapports plus alarmants les uns que les autres. Et l'on se rassure avec une multitude de déclarations d'intention et de bonnes résolutions. Mais force est de constater que si la prise de conscience progresse, sa traduction concrète est dérisoire face à l'accélération des phénomènes que nous sommes censés juguler. Les mots servent trop souvent de camomille mielleuse pour conforter nos excès de civilisation. Nous sommes technologiquement époustouflants, culturellement affligeants. Nous assistons en spectateurs informés à la marche vers la catastrophe globale.
Nous sommes obligés de changer pour ne pas disparaître. L'humanité doit se ressaisir, sortir de son indifférence et faire naître un monde qui prend enfin soin de lui. “Ne soyez pas trop alarmiste, ne cesse-t-on de me sermonner, vous allez effrayer.” Mais si le diagnostic est faux, le traitement le sera tout autant. Si l'on vous promet à l'horizon un lac plutôt qu'un océan agité, vous armerez le bateau différemment.
Osons affirmer que la crise climatique est l'ultime injustice.
Elle frappe d'emblée les plus vulnérables : les populations qui, non seulement n'ont pas profité de notre mode de développement, mais qui en subissent le plus les effets négatifs. Développement qui s'est fait parfois sur leur dos, en utilisant leurs ressources naturelles et leurs populations.
Osons dire que cette nouvelle humiliation dans un monde divisé et tendu peut achever de fracturer l'humanité. La faire basculer dans un fossé de haine et d'incompréhension.
Osons dire que le Nord doit plus au Sud que l'inverse.
Osons crier que la solidarité n'est plus une option, dans un monde relié, hyperréactif ; elle est la condition indispensable à la paix. La paix comme la liberté est indivisible. Ce n'est pas une simple question de morale ou d'éthique. On ne peut pas exiger de l'homme qu'il subisse et observe l'exclusion, avec comme seule perspective la résignation. Sur une planète connectée où tout se voit, tout se sait, l'injustice et la misère, où qu'elles soient, constituent un danger pour la prospérité de tous. L'intégrisme est parfois l'issue quand la misère trouve porte close.
Osons dire que le fatalisme des uns provoque le fanatisme des autres.
Osons dire que le changement est déjà en marche, que l'imagination foisonne et que l'innovation prolifère. Je l'ai vu partout dans le monde, au Bénin, en Chine, dans le Colorado, en France ou au Proche-Orient… Il germe, chez les individus, dans les associations, les collectivités, les petites et grandes entreprises, mais ce changement se heurte au conservatisme, au scepticisme ou, pire, à la cupidité d'un petit nombre.
Osons dire que la violence capitaliste a colonisé tous les cercles de pouvoir.
Osons sortir de cette mystification qui fait croire que la solidarité et le changement sont possibles en laissant un pan entier de l'économie nous échapper. Sans la fin des paradis fiscaux, de l'optimisation fiscale, de l'évasion fiscale légale ou frauduleuse, sans la fin d'une finance occulte qui ne participe pas à la solidarité des Etats, toutes nos intentions, sincères ou pas, buteront sur l'impossibilité de tenir nos promesses et alimenteront le cycle infernal de l'humiliation, de la frustration et de la répression.
Osons reprendre la main sur une industrie de la finance qui ignore l'intérêt général.
Osons dénoncer ces marchés qui se régalent de la rareté qu'ils créent. Bref, brisons cet ordre cannibale.
Appelons partout à la régulation, à la réglementation, pour passer enfin d'une économie qui dépense à une économie qui protège, afin qu'aucun bien commun ne soit plus jamais détourné au profit d'un petit nombre.
Redonnons des pouvoirs à l'Etat pour que la finance soit de nouveau au service de l'économie, et l'économie au service des femmes et des hommes.
Mais plutôt que le constat, osons les solutions.
Osons croire dans la noblesse de l'âme humaine et renouer avec l'espoir.
Osons dire qu'il y a aussi une belle humanité qui vaut que l'on se batte sans relâche pour elle : une humanité souvent invisible et silencieuse, mais qui incarne la solidarité ordinaire et génère dans l'ombre le printemps du changement.
Osons dire que l'humanité qui spolie, qui bafoue, qui méprise et qui pille n'est pas un échantillon représentatif de la patte humaine. Elle en est la partie la plus visible, sans scrupule, le camp des pilleurs et des cyniques. Méprisons-la et misons sur l'autre face de la médaille humaine.
Osons dire qu'il y a de la beauté et de la générosité chez les pauvres comme chez les riches, chez les athées comme chez les croyants, quelles que soient leur origine, leur éducation et leur culture, et, le plus souvent, sans quête de reconnaissance.
(...)
Chefs d'Etat, osez !
Nous, citoyennes et citoyens du monde, appelons les responsables politiques des pays les plus riches et les plus émetteurs de gaz à effet de serre à enfin relever le défi climatique.
Osez reconnaître que la lutte pour le climat conditionne l'avenir de notre monde : la santé, l'économie, l'emploi, la solidarité et l'égalité, l'agriculture et l'alimentation, la paix.
Osez admettre que les engagements actuellement sur la table des négociations ne sont pas suffisants pour limiter le changement climatique à 2 °C, mais que vous pouvez changer la donne en revoyant à la hausse vos ambitions : le G20 compte pour trois quarts des émissions mondiales !
Osez en finir avec les beaux discours et les déclarations d'intention, avec la tentation de remettre à plus tard les décisions : agissez !
Osez vous astreindre à des moyens financiers, des indicateurs de contrôle, des réglementations et à des feuilles de route précises qui vous engageront dès aujourd'hui.
Dans tous les territoires du monde, les acteurs se mobilisent, chaque jour un peu plus. Conscients de la responsabilité de tous, nous nous engageons aussi personnellement, chacun à son niveau. Mais cela ne suffira pas.
Vous, responsables politiques, avez une responsabilité historique. La force de l'accord de Paris tiendra d'abord dans les mesures que vous mettrez en oeuvre.
Nouvelles réglementations, prix du carbone, taxe sur les transactions financières, changement de modèle agricole… Ce qu'il faut faire est connu et ne dépend que de votre courage politique.
Chefs d'Etat, soyez à la hauteur. Entrez dans l'Histoire. Osez ! »
Découvrez plus d'extraits ou retrouvez l'ouvrage en librairie "Osons, plaidoyer d'un homme libre", Nicolas Hulot, Les liens qui libèrent, octobre 2015, 96 pages, 4,90 €.