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Jeudi 3 avril

Mon hommage à Michel Dinet

"Nous connaissons le Michel aux multiples "fabriques", j'ai découvert ces derniers jours celui d'une drôle de cabane, dans la côte, derrière chez lui perché dans un arbre. Et je me suis dit que ce jardin secret, ouvert à tout le monde ! , était à l'image de tout ce que Michel a bâti durant sa vie : des lieux pour l'homme entre terre et ciel. Il appelait ça des "pays" c'était grand comme la planète ou petit comme une graine de baobab.

La somme des innovations et des coopérations publiques générées par lui pour le rural, les territoires, la vie sociale constitue l'œuvre d'un géant. Pas de ceux qui écrasent mais de ces géants qui font grandir.

Car plus que son génie et son énergie ce qui nous touche aujourd'hui le plus c'est l'homme sensible à la fragilité, l'amour des gens, l'attention aux petits. C'était sa source vive, celle qui lui permettait de dépasser la fatigue et souffrance propre à tous combats politiques. Cette humanité puise ses racines dans l'humilité, la conscience d'avoir beaucoup reçu. Nous en avons la trace dans le souci de ses parents dont la bienveillance et l'effort lui ont permis de s'élever et la reconnaissance littéralement amoureuse à cette Res Publica "indivisible, laïque démocratique et sociale", à cette France de la promesse des "jours heureux".

Homme du lien humain et du bien commun, homme du partage et du goût de l'avenir… Chers amis, si Michel nous remue avec tant de force c'est qu'il est un antidote de ce qu'il y a de mortifère dans l'atonie contemporaine.
Amour du pays, amour des gens … En ce lieu, convergent les humanismes. "La révolte est amour ou elle n'est rien" écrit Camus. "J'aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel …" dit une lettre de Paul à Corinthe. L'amour est plénitude du manque et nous l'expérimentons ce jour.
Qu’est-ce qu’une vie bonne ? Ricoeur répond qu’elle est "estime de soi – avec et pour les autres – dans des institutions justes". Pour Michel, "l’éthique gouverne nos actions lorsqu’on ne nous regarde pas".
Oui au-delà de la figure du héros, il me plaît de reconnaitre en Michel le chercheur infatigable et insatisfait, genre Théodore cherchant sa "Monodiella flexuosa" dans les déserts du monde.

Au sujet de la cabane, Gérald m'a dit que le chantier n'était pas fini et Gwendal que vous n'aviez pas les plans ... Ben les gars, on est tous pareil !

Mais il a laissé sur nos terres de Lorraine des empreintes bien profondes (et bien lourdes) dans lesquelles on peut jouer à la marelle et aussi quelques indices … Dans son "pays-cabane", il y a la lumière d'une colline, les couleurs du cristal et sur un grand tableau noir, le rire des enfants pauvres.
Prenez garde à vous les blasés, les sachants, suffisants et orgueilleux de tous bords - il aurait dit les "culs serrés" et les "pisses froids" - prenez garde, une génération se lève ! Car aussi vrai que les mirabelliers sont en fleurs nous avons connu Michel Dinet et nous n'en sommes pas revenus !
Debout ! nous dit Michel avec le vieux Pisani. "Notre monde crève d’injustices, il est trop égoïste pour durer. Respectez la vie. Rendez plus intelligible le monde de demain. Soyez ses inventeurs, ses bâtisseurs, ses penseurs puisqu’il n’a pas, aujourd’hui encore, donné un sens humain à ses prodigieuses découvertes.

On m’a demandé de vous apporter l’espoir et je vous annonce le combat. Et de grâce, ne haïssez jamais l’adversaire ! N’oubliez jamais le village dont vous êtes, aimez-le ! N’oubliez jamais la France. Contribuez à sa capacité de rénovations d’elle-même. Ne vous laissez pas irritez par l’Europe parce qu’elle est impuissante ; un jour viendra ! Aimer le monde car c’est votre berceau ! "

Julos Beaucarne aurait juste ajouté "vivez le peu que vous vivez dans la clarté"."