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Lundi 9 mars 2020
Les 1000 premiers jours de l'enfant
Les 1000 premiers jours de l'enfant
Martine Huot-Marchand
Martine Huot-Marchand
L'importance de cette période au regard des connaissances actuelles est une évidence
Chacun sait aujourd'hui que les premières années d'un enfant - on parle aujourd'hui de ses mille premiers jours (concept OMS) - sont fondamentales et préparent l'adulte qu'il deviendra. Les neurosciences l'ont récemment démontré en mettant en évidence le rôle fondamental du cerveau. Sa croissance, qui débute très tôt durant la grossesse, est déjà influencée par la génétique, la santé, la nutrition et l'environnement de la femme enceinte et du futur père.
Après la naissance, le cerveau continue de se développer, en multipliant les neurones qu'il spécialise et met en réseau, à une vitesse et avec une complexité qui ne seront jamais égalées par la suite : 700 à 1000 connexions neuronales par seconde ! Cette formidable croissance est sous-tendue par la qualité de la réponse aux besoins de l'enfant :
- besoin de relations chaleureuses et interactives avec sa mère, son père, ses proches ; elles stimulent l'établissement des connexions et des centres nerveux,
- besoin d'une alimentation suffisante et de qualité afin de soutenir l'incroyable activité cérébrale de cette période (rôle fondamental de l'allaitement maternel),
- besoin de sécurité, de protection contre toute négligence ou violence (rôle négatif du stress),
- besoin de soins préventifs et curatifs, de respirer un air sain, de contact avec la nature,
- besoin de stimulations au niveau de ses apprentissages…
L'ambition du gouvernement est de « construire une politique publique sur ce sujet »
Cette période des mille premiers jours de l'enfant (de la conception jusqu'à l'âge de deux ans) est ainsi devenue une priorité avec pour ambition de « construire une politique publique sur ce sujet », selon Adrien Taquet, secrétaire d'état en charge de cette mission. Pour ce faire, une Commission des 1000 jours a été créée en septembre 2019, sous la direction de Boris Cyrulnik, dont les travaux serviront de balises à cette politique.
Accompagnée par Dominique Potier, j'ai eu la chance d'être auditionnée le 29 janvier 2020 par Maxime Boidin, membre du cabinet du secrétaire d'État, Adrien Taquet.
J'ai pu témoigner de mon expérience auprès du petit enfant, de la grossesse jusqu'à la période périnatale, au domicile de la famille, en consultation de PMI, en structure d'accueil ou chez une assistante maternelle, à l'école maternelle et dans le cadre de la Protection de l'Enfance (pouponnière, famille d'accueil…).
Durant cet entretien, j'ai souhaité aborder les sujets qui me tenaient à coeur, découverts, appris et compris dans le pas à pas d'une approche humble et quotidienne des familles, notamment les plus en difficulté. À mes débuts (en 1976), la médecine était surtout somatique et la pédiatrie sociale débutante, d'où un parcours professionnel à la fois marqué par des tâtonnements, des intuitions, des échecs, des réussites et nourri au fil du temps par de formidables découvertes sur les compétences du petit enfant, la dynamique de son évolution psychomotrice et affective, la mise en pratique des théories de l'attachement, le concept de résilience, aujourd'hui les neurosciences…
C'est dans ce contexte foisonnant et créatif que j'ai enrichi nos soins d'une approche plus relationnelle (appelée plus tard soins relationnels), grâce à une communication particulière avec l'enfant, la mise en récit de son histoire de vie, le conte à gai-rire…
J'ai plaidé pour quelques préconisations :
Huiler les étapes des parcours, de la grossesse à la naissance, lors du retour à domicile, avec le souci constant de l'harmonisation des discours des intervenants. Anticiper les relais vers les équipes spécialisées en cas de risque avéré, d'une pathologie, d'un problème…
Accompagner les futurs ou nouveaux parents (rôle important de la sage-femme en pré et postnatal), proposer les informations nécessaires au bon moment…
Concernant l'enfant, maintenir les bilans de santé réguliers et complets avec évaluation de son éveil, en dialogue avec les parents et recueil des observations dans le carnet de santé et le dossier ; si besoin, partager l'information utile à l'enfant avec les autres professionnels.
Penser la préparation de l'enfant à chaque transition : entrée en crèche, à l'école maternelle…
La famille ne doit pas être l'unique réseau relationnel. La société a son rôle à jouer pour lever son isolement. Les actions de soutien à la parentalité avec des animateurs formés et supervisés ont toute leur place.
Dans toutes les situations, la place du père (réel ou symbolique) doit être systématiquement questionnée. Une véritable politique concernant les pères est nécessaire.
Lorsqu'un problème ou une difficulté apparaît, la recherche de solution est facilitée par la mise en place d'un réseau informel où chaque intervenant connait (ou apprend à connaître) le rôle des autres, facilite chaque intervention, interagit jusqu'à créer, grâce au miracle d'une pensée partagée ou d'une intelligence collective, la (ou les) solution(s) adaptée(s). Cette façon de travailler s'apprend lors de formations communes.
Quand la situation est compliquée, chaque acteur doit pouvoir agir de sa place, dans son rôle, au sein d'un cadre qui a du sens pour lui et pour les autres, dans le respect de ses valeurs, de sa déontologie, avec la possibilité de dépasser son cadre, ses valeurs, sa déontologie, quand l'intérêt supérieur de l'enfant (définit par la CIDE) l'exige. Si travailler ensemble peut être imposée, la bénévolance doit être valorisée, la créativité être autorisée et soutenue.
Lutter contre les inégalités est efficace quand on agit tôt et en cohérence ; par exemple :
- organiser un accompagnement global soutenu de la femme enceinte et de son entourage, avec l'appui d'un réseau informel, de type cercle de bienveillance, d'emblée pluridisciplinaire lors des situations complexes (avec pathologie mentale, addictions, violences conjugales…),
- favoriser une politique de l'allaitement maternel pour toutes les mères, dans toutes les maternités, afin de soutenir le choix et la réussite de l'allaitement par les femmes en situation de précarité qui doutent trop souvent de leur lait. Bien accompagné, ce mode d'alimentation agit en véritable ascenseur social,
- former tous les professionnels du soin et de l'éducation aux théories de l'attachement,
- associer les bilans de santé réguliers de l'enfant à des soins relationnels ou psychologiques,
- remplir le carnet de santé, utiliser les items du carnet de santé pour valoriser l'éveil et les acquisitions du petit enfant avec ses parents ; mettre à jour les dossiers avec rigueur,
- travailler sur la qualité de l'alimentation et de l'environnement de l'enfant.
Dans tous les cas, recueillir les indicateurs afin d'évaluer ce qui est fait et orienter la recherche.
Conclusion :
Des conditions de travail correctes et un environnement humain basé sur la confiance améliorent la bienveillance et la bien-traitance des professionnels, éléments fondamentaux de la réussite d'une politique au service de l'enfant.
Pour ce faire, des formations sont nécessaires à tous les étages des administrations, des institutions, des associations, car cette intelligence collective s'apprend et s'éprouve.
Parents, professionnels et la société devraient pouvoir se dire :
« Je ne cherche pas à avoir un enfant parfait, je cherche à avoir un enfant heureux… »