Dominique Potier
Député de la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle
Audrey Bardot, suppléante






 
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Vendredi 18 octobre

Itinéraire d'un médecin en PMI

Itinéraire d'un médecin en PMI
Très chère famille et amis,
Mesdames, messieurs les enfants,
Mesdames, messieurs leurs parents,
Mesdames, messieurs les professionnels de la petite enfance, du soin et de l’éducation, de l’éducation et du soin,
Mesdames les techniciennes d’intervention sociale auprès des enfants et de leur famille,
Mesdames, messieurs les auxiliaires de vie et leurs représentants,
Mesdames, messieurs les soignants des services publics, associatifs, libéraux,
Chers collègues des missions de PMI, des Vosges, de Meurthe-et-Moselle,
Chers collègues des missions de service social, de l’ASE, de la pouponnière et du REMM,
Chers collègues cadres techniques et cadres administratifs du conseil général,
Mesdames et messieurs de tous les services concernés par la  petite enfance,
Mesdames et messieurs les élus des communes,
Mesdames et messieurs les conseillers généraux,
Madame la vice-Présidente du conseil général,
Cher Dominique, Monsieur le Député,
Monsieur le Préfet…
 
Quel bonheur d’inverser l’organigramme, je l’ai souhaité si souvent qu’il était impossible de ne pas me faire ce petit plaisir aujourd’hui…
Comme il est important pour moi de mettre à l’honneur ceux qui oeuvrent au quotidien auprès des familles, notamment les   professionnels de PMI, dont le dévouement, la compétence, la créativité, le courage illustrent de la plus belle des manières cette parole de Georges Bernanos que j’ai prononcée bien souvent ces derniers temps :
« La plus belle forme d’espérance est le désespoir surmonté… »
La société change, mais ils tiennent bon aux côtés des petits-enfants et de leur famille qui leur font confiance.
L’ouvrage, dont c’est la sortie officielle aujourd’hui, leur est dédié, pour les remercier et laisser une petite trace de notre travail collectif.
           
Je tiens à remercier du fond du cœur Michel Dinet, Président du conseil général, les conseillers généraux et les services qui ont  permis ce travail et autorisé ce formidable moment collectif où l’intérêt du petit enfant peut être mis en perspective.           
 
Je souhaite exprimer ma reconnaissance et mon amitié à Françoise Tarte, premier médecin PMI en Meurthe-et-Moselle, à Mathieu Klein, conseiller général sur le Territoire de Nancy-et- Couronne, et à Dominique Potier, député de la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle, pour les virages assez serrés qu’ils ont fait prendre à mon destin.
 
Je désire rendre un hommage amical et respectueux à Gloria Géliu, professeur émérite à l’hôpital Sainte Justine à Montréal, que j’ai rencontrée pour la première fois en 1998 lors d’un voyage au Québec organisé par l’association internationale de pédiatrie sociale, car c’est elle qui m’a initiée aux théories de l’attachement. La clinique de l’attachement, c’est toute sa vie et elle m’a convaincue.
 
J’ai une tendre pensée pour les mères de l’association Info-allaitement 54 et je salue avec amitié les membres de l’AFIREM dont l’approche pluridisciplinaire a très tôt permis de comprendre comment mieux s’y prendre avec la maltraitance.
 
Je serais ingrate de ne pas nommer le professeur Michel Pierson, le professeur Tridon, les professeurs Michel et Colette Vidailhet, le professeur Michel Manciaux, le professeur Jean-Pierre Deschamps, mais aussi Stanislaw Tomkievicz, Françoise Molenat, Jacques Salomé, dont la fréquentation m’a tellement enrichie.
J’ai une pensée particulièrement émue pour les collègues qui nous ont quittés, notamment Sabine Schott, Anne Vautrin, Colette Louis et Jocelyne Dommange.
Je remercie mon compagnon Gérard Louis pour son soutien constant et notre partenariat autour du livre. Gérard a réalisé un livre convivial où chacun est invité à entrer pour le plaisir du partage.
Oui, l’heure de la retraite a sonné, le moment est venu pour moi de faire une sorte de bilan, après trente années et plus au service de la santé de l’enfant, de dégager quelques réflexions, doutes,  certitudes, de provoquer peut-être par le style et les émotions, mais sans vouloir blesser.
Dans cet ouvrage, théorie et pratique, expérience professionnelle et vécu personnel, étude de situation et recherche épidémiologique s’alternent ou se répondent en revisitant le chemin parcouru avec l’éclairage de savoirs actuels…
Aujourd’hui plus que jamais, je crois en l’approche préventive. Chacun sait comme une évidence combien la petite enfance est une période sensible, cruciale, où toute action de prévention a l’impact le plus favorable. Mais son efficacité repose avant tout sur les postures professionnelles et une intelligence collective, sans frontières.
Les petits miracles ensemble, c’est cela que j’ai expérimenté dans notre quotidien avec les familles.
J’ai besogné dur pour arriver à un peu de cohérence personnelle entre théories et mises en pratique, pour tenir bon dans l’axe de mes recherches, sur la difficile articulation entre soins du corps et ceux des relations, pour rester authentique face à l’enfant et ce qu’il exige de nous.
Mais j’ai le sentiment que c’est ce mouvement permanent de créativité qui fait la valeur de notre mission.
 
Et c’est parce que ce mouvement a pris naissance depuis longtemps dans notre département que je souhaite me relier au  remarquable travail de mémoire de Françoise Tarte et de Etienne Thévenin, historien, qui, je cite Michel Dinet, « par sa confrontation aux réalités sociales actuelles et aux enjeux futurs, constitue un apport essentiel à la construction permanente d’un service de santé publique maternelle et infantile moderne, cohérent avec les valeurs humaines de ses fondateurs, impliqués dans les réalités d’aujourd’hui et préparé pour faire face à celle de demain ».
C’est bien parce que toute cette mémoire est vivante que nous devons poursuivre, avec, je cite le professeur Michel Pierson, « cette qualité permanente, appuyée sur une longue tradition transmise, qui a assuré la pérennité du dynamisme et de l’engagement de chacun pour le bien de l’enfant et de la famille, envers la protection de la santé, du développement physique, psychique, affectif et culturel... pour la réussite et le bonheur de nos enfants… ».
Nous devons continuer au nom de l’enfance, quoiqu’il arrive, comme l’arbre poursuit sa croissance, bien ancré par ses racines, même si les branches naissantes paraissent plus fragiles.
La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) ne peut que nous y aider, car elle pose les bases d’un projet de société pensé pour les enfants comme richesse pour l’avenir. Ses déclinaisons se réfléchissent autour de leur bien-être, dans leur famille, en structure d’accueil, à l’école (avec l’objectif de redonner le goût d’apprendre), dans la cité, approcher au mieux leur intérêt supérieur en cas de difficulté ; dès que possible avec lui, au fur et à mesure du développement de ses capacités.
Bien entendu, cette politique ne peut que se mettre en oeuvre avec l’ensemble de la communauté, dont les populations avec des besoins spécifiques, enfants, adolescents, personnes vulnérables ou en situation de précarité, personnes atteintes de pathologies chroniques ou de handicap, personnes dépendantes ; de la naissance à la fin de la vie.
 
Malgré la crise, ou à cause d’elle, il devient possible de créer, d’innover, de mutualiser ; une chance à saisir pour redonner à chacun le désir d’inventer un avenir plus heureux pour nos enfants.
 
Ce plaidoyer pour la petite enfance, dont nous fêtons la naissance aujourd’hui, est conçu en plusieurs parties.
 
L’introduction parle de naissances avec le témoignage de ma fille Marie, que je remercie tendrement. C’est pour moi un symbole fort dans une société qui se transforme.
Marie évoque la mise au monde de leur fils aîné, assistée par des professionnels qui ont fait preuve d’un savoir faire technique efficace, en oubliant toutefois la dimension humaine d’un tel évènement. Lors de la naissance de leur deuxième enfant, le couple a souhaité que cela se passe avec davantage d’humanité et de respect vis-à-vis de leur projet de naissance. Marie, avec le soutien du futur père, a veillé courageusement à se réapproprier ce moment unique où chacun a pu être partie prenante. Les jeunes parents l’ont vécu avec intensité comme un cadeau de la vie.
 
Pourquoi cette introduction ?
Parce qu’aujourd’hui, le besoin de davantage d’humanité se revendique partout, dans les tous les services publics, chez les usagers comme ceux qui y travaillent.
Parce que c’est possible de répondre à ce besoin, car on sait aujourd’hui combien les émotions sont des leviers favorables permettant un management efficace car bienfaisant.
Elles maintiennent une vigilance et une attention qui permettent à l’institution de rester créative, de ne pas se figer dans les process, procédures, processus, qui sont bien entendu utiles, mais quand  ils restent au service de nos valeurs et du sens qu’on donne à nos objectifs opérationnels.
Cela ne signifie pas faiblesse, mais bien au contraire une force qui dynamise l’ensemble de l’organigramme, en invitant chacun à sortir des malentendus ou des « mal dits » pour communiquer avec une langue commune, donc humanisante.
 
La première partie, intitulée Pratiques et savoirs, souhaite mettre en avant notre travail réalisé auprès des enfants et de leur famille dans le cadre de la PMI, au centre, à domicile, dans les lieux d’accueil, à l’école maternelle ou tout autre lieu de vie de l’enfant,
— avec les professionnels dits spécifiques, secrétaires, sages-femmes, puéricultrices, éducatrices de jeunes enfants, médecins de PMI,
— avec les professionnels non spécifiques et leurs cadres, assistants sociaux, éducateurs, psychologues, secrétaires des autres missions,
— selon les situations, avec les partenaires, maternités, services de pédiatrie, lieux d’accueil de la petite enfance, communes, éducation nationale, centres médico-psychologiques (CMP), centres d’action médicosociale précoce (CAMSP), centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) ; très représentés aujourd’hui.
 
J’ai ajouté ça et là quelques perspectives de changements et rêvé à un CMS du futur…
La pratique de pédiatrie sociale peut s’appuyer sur des connaissances nouvelles concernant l’attachement, la résilience, le concept d’identité, qui permettent d’envisager les choses ensemble, chacun à sa place.
Nos interventions misent sur les forces de l'enfant, de son réseau familial et de sa communauté. Elles invitent l'enfant et son réseau familial à participer à l'évaluation des besoins et l'élaboration de solutions. Elles visent à leur redonner confiance dans leurs capacités d'agir tout en contribuant au respect des droits fondamentaux de la CIDE. 
Entre hier et aujourd’hui, théories et pratiques, ainsi s’intitule la seconde partie du livre, entre organisation et actions, entre hiérarchie et équipes, entre administratifs et cadres techniques, entre cadres et professionnels au contact des familles, quand chacun pense que ce qu’il fait est important, digne de respect et peut aussi aider l’autre, quelle que soit sa place sur l’organigramme, la dynamique collective se met en marche et un réel service est rendu aux familles.
Les découvertes sur les compétences de l’enfant, sur le fait qu’il est une personne à part entière a redonné de l'enthousiasme et une plus-value à tout ce qui se met en œuvre au service de son avenir. Le projet pour l’enfant est ainsi d’autant plus essentiel qu’il est porteur d’optimisme partagé.
Oser alors une parole, savoir qu'elle sera entendue et respectée, c'est bien la seule façon de garder une institution en bonne santé, bienveillante, bienfaisante, « suffisamment bonne » selon la formule de Winnicott à propos des mères, reprise par Michel Manciaux, Professeur de santé publique.
 
Parole autour de l’enfant, une pratique de soins relationnels en PMI, est le titre de mon premier livre publié en 1995, j’en ai fait celui de la dernière partie, comme un cercle qui se referme  sur une carrière très marquée par cette démarche de soins.
 
J’avais huit ans quand j’ai déclaré que je serai médecin en Afrique et écrit mon premier poème. J’en avais à peine plus lorsque j’ai lu Mémoires d’un âne écrit par la Comtesse de Ségur  et qui parlait de maltraitance. C’est en classe de cinquième que j’ai déclaré à mon professeur d’histoire que ce serait mieux de signer les traités de paix avant de faire la guerre. Elle m’avait répondu que je manquais de logique, mais, dans le fond, l’idée de prévention germait déjà. J’ai toujours été une grande lectrice de contes et de légendes du monde entier et j’en ai beaucoup racontés, à mes enfants, à mes petits-enfants. Trois d’entre eux, Le vilain petit canard (Andersen), Les trois cheveux d’or du diable (Grimm) et La petite fille aux allumettes (Andersen) ont contribué à ma résilience personnelle et contenu une sensibilité à fleur de peau.  Comme le fleuve qui se creuse lui-même, mon destin a poursuivi cette logique, les formations en relations humaines accompagnant les études de médecine.
Le soin relationnel en PMI, c’est la possibilité pour un professionnel de se mettre à l’écoute d’une personne en difficulté, mère, père, enfant, de l’entendre là où elle a besoin d’être entendue et de lui reformuler ce qu’elle a tenté d’exprimer pour qu’elle s’entende à son tour. Il peut, éventuellement, proposer  une démarche symbolique afin de soutenir, apaiser, prendre soin d’une relation en souffrance.
La pratique des soins relationnels convoque des réponses aux questions que tout professionnel se pose : comment être, comment écouter et entendre, que reformuler, que dire, que faire peut-être. Elle permet d’oser une parole pour casser le mur du silence, de se centrer sur la personne et non sur ce qu’elle produit (le comportement, la violence par exemple…) et de clarifier les relations. L’ouverture vers l’autre à laquelle elle invite, si le comportement ou le symptôme est perçu comme un langage, autorise une créativité parfois étonnante, grâce notamment à l’usage du symbole. C’est ainsi que j’ai peu à peu appris à concilier mon goût pour l’écriture avec celui de soigner.
 
Pendant dix ans, de 1996 à 2006, j’ai eu le plaisir d’animer « un groupe de soins relationnels » au service de PMI de notre département et les échanges avec les professionnels ont été d’une grande richesse. Nous avons élaboré ensemble le document intitulé « Points de repère pour des soins relationnels en PMI » qui sert de conclusion à ce travail.
Des valeurs, du sens, de l’émotion, trois mots à décliner en même temps, le refrain de l’ouvrage ; valeurs par rapport au but à atteindre, une meilleure santé globale du petit enfant, sens par rapport aux objectifs opérationnels, des réponses innovantes et collectives, émotions lors de leur mise en œuvre.
Dans cette dernière partie, c’est l’émotion qui prend le devant. Face à l’enfant, à ses parents, nous ne sommes que nous-mêmes, avec notre histoire, nos fragilités, nos blessures, notre façon d’être, nos préjugés parfois…
Accompagner une famille, c’est travailler au cœur de l’humain, c’est donc aussi accepter d’écouter en nous ce qui résonne, ce qui vibre, ce qui émeut, ce qui nous touche, « pour grandir ensemble », selon l’expression d’une mère très en difficulté, lors d’une consultation de PMI.
Je ne souhaite pas donner de leçon ou blesser quiconque, mais seulement convaincre et témoigner.
Pour terminer, j’invite Albert Camus, lui aussi né à Alger, dont la philosophie au service de la vie m’a toujours soutenue. Il écrit dans l’Eté, publié en 1954 :
« Notre tâche d’homme est de trouver les quelques formules qui apaiseront l’angoisse infinie des âmes libres. Nous avons à recoudre ce qui est déchiré, à rendre la justice imaginable dans un monde si évidemment injuste, le bonheur significatif pour des peuples empoisonnés par le malheur du siècle. Naturellement, c’est une tâche surhumaine. Mais on appelle surhumaines les tâches que les hommes mettent longtemps à accomplir, voilà tout. »
 
 
 
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