Dominique Potier
Député de la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle
Audrey Bardot, suppléante






 
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Toul
11h30-
12h30
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Conférence téléphonique
12h00-
14h00
Repas des anciens de Bernécourt, Grosrouvres, Hamonville et Beaumont
Bernécourt
14h00-
15h00
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Visioconférence
18h00-
19h00
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22h00
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Chaligny
 
 
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Actualités

Mardi 22 octobre

Environnment, alimentation et santé

Environnment, alimentation et santé
L'association CLCV - Consommation, Logement et Cadre de Vie - du bassin de Neuves-Maisons organisait mardi 22 octobre à 20h30 à Neuves-Maisons, une conférence avec Corinne Lepage, députée européene, ancienne Ministre de l'environnement et Martine Huot Marchand, ancien médecin de la protection maternelle et infantile sur "environnment, alimentation et santé".
Corinne Lepage a évoqué son combat à propos des OGM et autres polluants contre notre santé et notre environnement. Elle a insisté sur le rôle du consommateur citoyen qui a le pouvoir de changer les choses.

Intervention de Martine Huot-Marchand :

La CLCV cherche à mieux informer, éduquer, soutenir les citoyens, notamment les plus démunis afin de les aider à modifier leur comportement et leur posture dans l’objectif de prévenir et d’améliorer leur santé.

L’alimentation est un sujet qui me tient à cœur depuis des années, comme mère de quatre enfants et cofondatrice d’info allaitement 54 (en 1982), comme médecin de santé publique de l’Ecole de Nancy, comme pédiatre social et médecin formé aux relations humaines. Plus récemment au titre de la suppléance de Dominique Potier, député agriculteur bio.

La démarche de santé publique étudie les effets de l’alimentation au niveau des populations et prend appui sur la preuve du risque pour ses recommandations…
Le pédiatre conseille les parents en étant attentive aux besoins de leur enfant, en partageant son savoir avec eux, en respectant leurs choix et leur culture.  A ce niveau, ce sera le principe de précaution qui prévaudra.
Le risque est du domaine de l’expertise, le principe de précaution plutôt celui du politique.

Comme pédiatre social, je suis très sensible aux inégalités de santé et aux doubles peines imposées aux enfants de familles défavorisées. Ce sont les plus touchés par les conséquences de nos inconséquences, dès avant leur conception, durant la grossesse et les premières années, période les plus sensibles de leur croissance, du cerveau notamment.

Comme médecin formé aux relations humaines, je suis soucieuse de communication en santé, d'écologie relationnelle. Dans l’action de s’alimenter, il y a la convivialité, le plaisir partagé, la transmission d’une culture, celle des bonnes ou moins bonnes habitudes… On sait aussi combien le stress toxique, notamment chez l’enfant, a un impact sur la santé physique...

Comme suppléante de notre député, président du comité consultatif de gouvernance Ecophyto sur réduction des pesticides, je soutiens évidemment les propositions qu’il vient de faire dans ce cadre.
 
Traiter de l’impact de l'environnement sur la santé de l’enfant au travers de son alimentation est un sujet complexe.

Si je convoque toutes mes approches, je ne suis pas dans le confort des certitudes, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais cela me donne plus de chance d’aborder ces questions sans préjugé, sans a priori pour ou contre ceci ou cela. Car ce qui importe, c’est de progresser avec les familles, toutes les familles, de tous les milieux sociaux, en les informant le mieux possible, pour arriver à modifier certains comportements délétères ou à risque (incluant le tabac, l’alcool et autres substances addictives que je n’évoquerais pas ce soir).

En écho à l’intervention de Corinne Lepage, quels sont les problèmes de santé actuels faisant supposer l’impact de l’environnement dans notre alimentation ? Quels constats pour quel diagnostic global à partir des études actuelles sur ces sujets ?

Je propose de les aborder dans un ordre chronologique, dès la conception et ensuite :
 
L’altération de la fertilité et l’atteinte des organes génitaux chez l’homme

Nombres de données épidémiologiques prouvent une augmentation des troubles de la fonction reproductrice chez l’homme au cours des 50 dernières années. Les études à grande échelle, utilisant des méthodes normalisées, montrent un déclin de 170 à 70 millions de spermatozoïdes entre 1940 et 1990 en moyenne en Europe.
L’incidence du cancer testiculaire, le plus fréquent chez l’homme jeune, a augmenté de façon régulière dans tous les pays où des études ont été réalisées.
Les cas n’anomalies du pénis, appelée hypospadias (l’orifice urinaire est sur la face ventrale du pénis, cela résultant d’une mauvaise fermeture des replis urétraux) et de cryptorchidie (non descente des testicules) se sont également accrus de façon significative. Je l’ai observé dans ma pratique professionnelle.
Ces quatre anomalies sont liées entre elles. Le cryptorchidisme est un facteur de risque des trois autres et l’hypospadias augmente les risques d’avoir un cancer testiculaire et l’oligospermie.

 
Les troubles de la puberté et un retard de fertilité chez la petite fille

Un phénomène qui prend de l'ampleur, en Europe et aux USA : des petites filles avec des glandes mammaires dès l'âge de 7, 8, 9 ans. Nous sommes de plus en plus consultés pour ce problème. Par contre l'âge des règles reste dans les limites de la normale. Ce n'est donc pas une puberté précoce car seule la glande mammaire est touchée.
Il y a  un décalage anormal entre l’apparition des seins et l’apparition des règles, alors qu’il est habituellement de deux à trois ans.
Qu'il augmente à 4, à 5 ans ou plus, invite à penser que ce dérèglement est d'une autre origine que les pubertés précoces dites « classiques ». Dont les pubertés précoces liées au stress toxique, notamment psychosocial.
Or, on sait qu'une croissance précoce de la poitrine augmente sensiblement le risque de cancer du sein.
Jean-Pierre Bourguignon, pédiatre endocrinologue au CHU de Liège (Belgique) qui  étudie ce problème depuis 2002, fait le constat que la puberté s'allonge dans le temps, avec apparition plus précoce des seins, apparition des règles à un âge moyen normal, et une fertilité qui apparaît de plus en plus tard (les cycles ovulatoires).
Les causes connues sont multiples, notamment celles liées à l’alimentation :
Il peut s’agir de carences, mais c’est surtout l’absorption de perturbateurs endocriniens qui est largement incriminée…
Une notion qui vient révolutionner nos connaissances : l’alimentation de la mère et du père a un impact sur l’enfant à naître, sur l’enfant durant la grossesse…


J’ai eu l’occasion d’écouter le professeur Rachel Levy (du laboratoire d’Histologie Embryologie Cytogénétique CECOS – Bondy) à deux reprises, à la Commission nationale de la naissance et de la santé de l’enfant en 2012 et lors du colloque des gynéco-obstétriciens à Nancy au printemps 2013. Ses travaux, notamment l’étude de toutes les études dans le monde, précisent les liens entre alimentation des deux parents, fertilité et santé de l’enfant. Elle apporte ainsi la preuve que le comportement alimentaire de la femme a une incidence sur sa grossesse et cela avant même d'être enceinte. Elle confirme l’impact d'une malnutrition et de l'obésité maternelle sur la qualité de l'ovocyte, mais également sur la qualité de l'embryon en développement, voire sur la santé de l'enfant à naître. Du côté du père, le poids et l'IMC (indice de masse corporelle) des hommes, ainsi que le périmètre abdominal, ont un impact négatif sur la fonction de reproduction et de fertilité : le type de nutriments consommés pourrait aussi avoir un impact sur la qualité du sperme.

Ainsi, est-il possible de dire aujourd'hui :

  • que l'incidence d'un surpoids et/ou d'une obésité de la mère mais également du père, pèse sur le fœtus,

  • que les restrictions alimentaires, le mauvais équilibre nutritionnel, les problèmes métaboliques de la mère et même l'alimentation du père ont une incidence sur la fertilité du couple mais aussi sur la santé de leurs enfants pour toute la vie.

 

Dès la maturation des gamètes et lors de la fécondation, avant même l'implantation de l'embryon dans l'utérus, l'environnement nutritionnel peut imprimer des marques sur les gènes (épigénétiques) qui font que ces gènes pourront ou non s'exprimer plus tard. A cette époque de la vie s'effectue ainsi toute une « reprogrammation » qui va orchestrer le développement de l'embryon et de la suite... Cette nouvelle approche est révolutionnaire et invite à revoir différemment la prévention des maladies chroniques de l’adultes (obésité, diabète, cancers, maladies cardio-vasculaires…) Beaucoup d’équipes de recherche planchent là-dessus dans le monde.

 

Autre problème sanitaire à grande échelle, les allergies alimentaires, qui ont explosé ces dernières décennies

Elles touchent 20 % à 30 % de la population. Une fois sur deux, il s’agit d’asthme. De plus en plus d’enfants sont atteints, le nombre a été multiplié par deux en 20 ans. Pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les allergies sont devenues un véritable problème de santé publique.
Le nombre de victimes d’allergie alimentaire ne cesse d’augmenter : près de 4 % des adultes et 8 % des enfants sont condamnés à surveiller leur assiette.
Les maladies allergiques sont plus fréquentes dans les pays développés… où de plus en plus de substances allergisantes se retrouvent dans ce qu’on mange comme dans l’air qu’on respire… Le catalogue des conservateurs, colorants, exhausteurs de goût est aussi une liste d’allergènes potentiels, même si l’on peut être allergique à beaucoup de choses, même à soi même (maladies auto immunes)… Les OGM auraient également un rôle allergisant.
La diversification alimentaire trop précoce chez le nourrisson est l’un des principaux facteurs de la hausse des allergies alimentaires.  Mais si elle est trop tardive, elle les provoque également. Il faut donc diversifier au bon moment et en fonction de chaque enfant. Sortir des normes est une nécessité.
Pour conclure sur ce thème, il est indiscutable qu'il existe une relation entre le patrimoine génétique et l'environnement auquel un sujet est soumis durant la période sensible des premiers mois de l’enfant, aboutissant aux sensibilisations et aux manifestations cliniques de l’allergie alimentaire.
 

Le surpoid et obésité est l’un des défis majeurs pour l’avenir…

En 15 ans, l’être humain moyen a grandi de 7 mm et grossi de 3,6 kg. Son tour de taille est passé de 85,2 cm à 90,5…
Il y a 6,9 millions de personnes obèses, deux fois plus qu’en 1997.
La répartition est très inégale, avec une grande disparité socio-économique et une sur représentation des femmes. Les populations défavorisées sont les plus touchées. Le surpoids ou l’obésité, les caries dentaires et les troubles du langage sont des marqueurs forts de précarité chez l’enfant (études MHM, études DREES)
Cette obésité entraîne un détraquage de tout le système de régulation alimentaire et de la coordination des activités du foie, pancréas, muscles… D’où les complications : diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, troubles du métabolisme des lipides, cancers…
Avec un impact global, notamment hormonal et des conséquences sur la fertilité… et sur la descendance, comme déjà évoqué.
Les causes de l’obésité sont multifactorielles, génétiques, surtout environnementales… On en sait beaucoup plus aujourd’hui sur les mécanismes en jeu, avec des facteurs induisants ou facilitants…
Les cellules  de la paroi des intestins sont les garde-barrière de l’organisme. Elles laissent passer les aliments, à ce niveau nutriments, contrôle leur absorption, filtre les entrées des substances, interdit l’accès aux bactéries, toxines et autres agresseurs…  Mais c’est un système fragile qui peut être déséquilibré par nos habitudes alimentaires, par notre hygiène de vie, par le stress (également facteur d’obésité) et nos émotions négatives, par les substances extérieures qu’on absorbe (à notre su, comme les médicaments ; à notre insu, les molécules chimiques polluantes, par exemple…), par les pathologies…
Même si la recherche doit poursuivre ses investigations, il est évident que nous devons le traiter avec intelligence, respecter son écologie, veiller à l’équilibre de sa flore intestinale (rôle de l’allaitement, par exemple), tenter d’éviter le stress chronique…
 

Les cancers

Le nombre des cancers chez l’adulte a anormalement augmenté, en France, en Europe et ailleurs. Lorsqu’on compare les statistiques par région en France, par pays, par culture etc…, on constate que leur origine est bien liée à des facteurs environnementaux, souvent alimentaires…
Les causes génétiques existent, mais elles n’expliquent pas à elles seules cette augmentation.
D’ailleurs quand une population émigre, leur risque d’avoir un cancer finit par s’aligner sur celui du pays d’accueil. De même, l’hypothèse concernant l’avancée en âge de la population, souvent mise en avant, ne tient pas car le pic des cancers se situe entre 55 et 65 ans…
Selon l’INSERM : chez l’homme, le cancer de la prostate a augmenté de 35 % de 1980 à 2013 ; chez la femme, le cancer du sein et des ovaires de 43 %.
Les études le démontrent de plus en plus, l’environnement et la façon de s’alimenter tout au long de la vie jouent un rôle majeur, à la fois source de facteurs de risque, mais également de facteurs protecteurs. Car il y a des aliments qui favorisent le cancer et des aliments protecteurs.
La nutrition et l’activité physique, font partie des facteurs comportementaux sur lesquels il est possible d’agir pour prévenir l’apparition de cancers.
 
Concernant les cancers de l’enfant
Durant la période 2004-2008, on relève 1700 nouveaux cas de cancer par an.
Un enfant sur 500 développe un cancer avant l’âge de 15 ans. Les principaux types de cancers observés chez l’enfant sont les leucémies (29 % des cas, dont 80 % de leucémies aiguës lymphoblastiques), les tumeurs du système nerveux central (24 %) et les lymphomes (11 %).
Un quart des tumeurs de l’enfant sont des tumeurs embryonnaires (néphroblastomes, neuroblastomes, rétinoblastomes…), quasiment inexistantes chez l’adulte.
La lente montée des cancers de l’enfant est confirmée en juin 2013, lors d’une réunion de travail de la CNNSE. Beaucoup de substance sont questionnées, notamment les substances polluantes à l’intérieur des maisons, pesticides, insecticides, molécules à base de benzène, trichloréthylène, bisphénol A, Phtallates, PCB etc..
 

Au rang des accusés : les perturbateurs endocriniens

Le développement des gonades pendant la vie intra-utérine est particulièrement crucial pour l’acquisition du potentiel reproductif quantitatif et qualitatif de l’individu.
La vie intra-utérine est une période cruciale pour l’établissement des potentialités de reproduction de l’individu adulte. De plus, cette période est particulièrement sensible à une exposition à des polluants environnementaux chimiques.
On sait depuis longtemps que de nombreux agents chimiques absorbés par la femme enceinte ont des effets sur la fertilité et la descendance (alcool, plomb, tabac, Thalidomide, distilbène…).
De nombreux travaux expérimentaux, in vivo et in vitro, montrent que la maturation des gonades, testicules chez l’homme, ovaires chez la femme, pouvait être profondément modifiée avec de faibles doses de certains substances chimiques pourvues d’activité hormonale et répandus dans l’environnement ; cela expliquerait les atteintes du développement des organes sexuels, de la spermatogenèse à l’âge adulte et la survenue de tumeurs testiculaires.
Des études épidémiologiques prospectives, cohortes mère-enfant, ont mis en évidence un lien entre l’exposition maternelle aux PCB et la survenue d’effets neuro-comportementaux chez le nourrisson.
D’autres études ont suggéré que l’exposition maternelle à des perturbateurs endocriniens favorisent le développement de troubles métaboliques tels que l’obésité.
L’exposition aux pesticides avec ou sans manipulations est associée aux effets défavorables de la fertilité masculine et féminine, mais également à des avortements spontanés, des malformations congénitales, une prématurité, un retard de développement intra-utérin.
Les fenêtres d’exposition les plus vulnérables sont, pour le père, les 3 mois précédent la conception et pour la mère l’exposition avant la grossesse et, ou pendant le premier trimestre (Figa-Talamanca, 2006).
 
Leurs actions reposent sur trois stratégies : le leurre, en imitant l’action d’hormones naturelles (œstrogène, testostérone par ex.) ; le blocus, en se fixant sur les récepteurs hormonaux des cellules, les hormones ne peuvent donc agir ; le sabotage à un maillon de la chaîne de production ou de régulation (synthèse, transport, métabolisme, excrétion…).
Ils proviennent de sources variées incluant les plantes (phyto-oestrogènes), l’agriculture (insecticides, herbicides, fongicides) et de nombreux produits chimiques (produits pharmaceutiques, plastifiants, phtalates,  résines, détergents, PCB, retardeurs de flamme, bisphénol A, parabens antimicrobiens, dioxines…).
 
Les effets des expositions à des perturbateurs endocriniens peuvent ainsi se manifester dès le début de la grossesse jusqu’à la naissance de l’enfant et ensuite, durant cette période sensible du développement du système nerveux, mais également tout au long de la vie, en particulier durant les périodes sensibles sur le plan hormonal comme la puberté, la  ménopause ou le climatère masculin.
 
Le dernier rapport INSERM, juin 2013, confirme les inquiétudes concernant l'usage des pesticides et leur impact sur la santé.
C'est la première étude sur l'exposition de la population aux composés chimiques. 42 biomarqueurs ont été dosés dans le sang ou l'urine d'un échantillon représentatif de 3115 Français.
Notre pays est le plus grand utilisateur de pesticides en Europe. Ils sont partout, cours d'eau, nappes phréatiques, aliments. Dans notre organisme, ils s’accumulent dans la graisse, le cerveau, le foie, le placenta ; ils circulent dans le sang, le lait maternel…
Ils ne sont pas sans risque, cela ne fait plus guère de doute ; déjà auprès des utilisateurs eux-mêmes, exploitants et ouvriers agricoles, employés de l'industrie des pesticides, désinsectiseurs, jardiniers qui développent plus que les autres des pathologies spécifiques (pathologies neuro-dégénératives comme la maladie de Parkinson, cancer de la prostate, lymphome non hodgkinien, myélome multiple, leucémie...)  
Le rapport confirme le risque encouru par les jeunes enfants ou les fœtus des mères ayant manipulé des pesticides pendant la grossesse : malformations congénitales, retards de croissance, retard de développement neurologique.
Chez l’enfant consommateur de produits contenant des pesticides ou des insecticides, le risque de leucémie et de tumeur cérébrale est réel.
 
Selon une étude récente de l'EFSA, autorité européenne de sécurité des aliments (2010), la moitié des denrées alimentaires européennes montre des résidus de pesticides, dans la plupart des cas (92 %), ils sont dans des taux conformes à la légalité.
Mais on sait que les faibles doses interagissent, les fameux effets « cocktail », avec, sur la durée, des risques pour la santé, effets neuroendocriniens, immunitaires, troubles de la reproduction et anomalies du développement de l'enfant, cancérogenèse...
Il est logique que les pesticides dérèglent notre santé puisque c'est leur rôle de lutter contre les organismes vivants en perturbant leurs processus physiologiques.
Certains sont plus toxiques que d'autres, agissent avec d'autres en mutualisant leurs effets. Le souci majeur, c'est qu'au lieu de baisser, leur utilisation ne fait qu'augmenter.
Le plan Ecophyto, né après le Grenelle de l'environnement, vise une réduction de 50 % de l'usage des pesticides en France pour 2015. Leur augmentation est constante. Dans le cadre du comité Eco-phyto, Dominique Potier s’est attelé à ce problème, mais qui n’est pas simple à résoudre en raison des enjeux.
 
Cet état diagnostic global est peu encourageant, mais les connaissances se précisent afin de limiter les risques, d’élaborer des attitudes, une posture et une façon de vivre, donc de se nourrir, permettant d’atténuer l’impact des agressions. Il est à noter que la médecine curative a fait de grands progrès, ce qui permet de maintenir une espérance de vie exceptionnelle, mais elle aussi a ses limites.
 

Existe-t-il des solutions ?

Dans les grandes lignes

Repenser l’alimentation des futurs parents et de la maman qui allaite est une évidence, à prendre en compte au cas par cas.
L’allaitement maternel est globalement gagnant sur tous les plans, à condition de soutenir la motivation des mères et des pères. Malgré le fort lobby des industriels du lait en France, c’est une façon d’alimenter le bébé en comblant l’ensemble de ses besoins, physiques, psycho affectifs. La diversification se fait ensuite tout naturellement, aliment par aliment. Je suis bien entendu favorable au bio et au fait maison, avec des programmes adaptés en faveur des familles défavorisées.
Suivre les préconisations du PNNS, c’est déjà la garantie “épidémiologique” d’atténuer les risques en attendant la poursuite des études à grande échelle en cours : manger des légumes (plutôt à la vapeur, en limitant le sel et en utilisant abondamment herbes et épices) et des fruits en variant les couleurs (car riches en protecteurs comme les polyphénols, anthocyanes, carotène…), baisser la consommation des graisses saturées et des sucres dits rapides, en augmentant les sucres lents de préférence complet (céréales, sarrazin, riz, quinoa…), diminuer la quantité de viande, la remplacer par du poisson deux fois par semaine (les petits plutôt que les gros) ou des oeufs bio, et veiller à l’apport de fibres... sans oublier l’activité physique régulière, fondamentale.
 
On peut déjà diminuer les expositions à certaines substances toxiques en prenant quelques habitudes :
Privilégier le verre aux matériaux plastiques, choisir des plastiques sans bisphénol A (portant le symbole 7, polycarbonate), limiter les canettes et les boîtes de conserve (le plastique à l’intérieur de la boîte contient un toxique), éviter les bombonnes d’eau en plastique. Ne pas faire chauffer de plat ou de vaisselle en plastique au micro ondes. Préférer les produits frais, voire bio, au plats tout préparés. Supprimer les pesticides au jardin et les insecticides à la maison… Apprendre à lire déchiffrer les étiquettes des produits…
 
Mais ce n’est pas suffisant, il faut se préparer à révolutionner nos comportements à l’avenir…

On a suffisamment de “presque certitude” pour commencer à modifier nos comportements et notre façon de nous alimenter. Pour cela, il faut être bien informé et/ou être accompagné par des professionnels ou des associations. Les AMAP et circuits courts (la proximité entre producteurs et consommateurs induit le dialogue) sont d’excellentes alternatives, et de plus en plus d’agriculteurs tentent d’améliorer leurs pratiques. Pour les familles défavorisées, les jardins et les épiceries solidaires sont une excellente idée là où c’est possible.
Il importe d’agir raisonnablement, avec courage, afin de permettre aux générations futures de poursuivre ce qui peut être commence dès maintenant, à tous les niveaux, de la planète à la Nation, du département à la région, de la commune jusqu’au citoyen; le citoyen parent, consommateur, jardinier, a le pouvoir de faire bouger les choses.
Agir en mettant en oeuvre l’ensemble des mesures à visée écologique, au niveau national et local (lutter contre l’excès de pesticides, faciliter l’installation des agriculteurs bio, privilégier les filières courtes, intégrer le bio ou les produits frais de proximité dans les cantines, ouvrir les cantines à tous les enfants, notamment ceux qui vivent dans des contextes précaires…)
 
Même si beaucoup reste à faire, il me semble que des choses se font déjà chez nous, et que nous avons quelques atouts :

Le goût du bien manger, nos produits de terroir, l’habitude des repas à heures fixes et de moins grignoter qu’ailleurs. Même dans les néfastes-foods, les pics de fréquentation ont lieu au moment des repas, même chez les ados, ce qui n’est pas le cas aux USA.
Manger est un besoin, mais aussi un plaisir, un moment de convivialité, de transmission, d'attention à l'autre, de tendresse. Manger bon et avec plaisir permet de moins manger.
Améliorer dans cet perspective l'environnement nutritionnel auquel un individu est exposé au cours de son développement et ensuite permettrait d'endiguer certaines maladies métaboliques et autres troubles fonctionnels, de prévenir efficacement certaines affections dites de longue durée (ALD), ainsi que d'enrayer le cercle vicieux de la propagation de l'obésité de génération en génération. Bien entendu, des recherches sont encore nécessaires avant de tirer des recommandations de santé publique.
Il est cependant certain que nous avons beaucoup à gagner pour l'avenir de nos enfants à privilégier un mode de vie sans excès et sans déficit sur le plan nutritionnel, laissant davantage de place aux activités physiques et une moindre exposition aux toxiques, tabac, alcool, drogues, polluants....
Agir pour les générations futures s'avère donc autant une question de santé publique que de responsabilité individuelle.

« Que ta nourriture soit ton premier traitement ». La sagesse grecque.



 
 
 
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