Dominique Potier
Député de la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle
Audrey Bardot, suppléante






 
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Jeudi 6 juin 2019

D Day : ''Sans courage le peuple est sans lieu''

D Day : ''Sans courage le peuple est sans lieu''
En Normandie, le 6 juin 1944, les bérets verts du Commando Kieffer donnent l'assaut au coté des troupes alliés. Cette poignée de jeunes français (177 hommes) a reçu pour mission d'enlever les défenses allemandes de Ouistreham. Artisans de la victoire contre le nazisme, ils seront les seuls français à participer au débarquement. Parmi eux, François Voirin alias Abel Lardennois est un enfant du pays.
 

Héros trop longtemps resté anonyme nous lui avons rendu hommage sur ses terres natales à Colombey-les-Belles et Villey-le-Sec.

Maryse Humbert, présidente de la section touloise du Souvernir Français, avait alors fait ce portrait d'Abel Lardennois aux collègiens de Jacques Gruber :
 

" Mesdames, Messieurs et chers élèves

Parmi les 177 membres du commando Kieffer, il y avait un homme originaire de notre région, François VOIRIN alias Abel LARDENNOIS.

Nous sommes réunis aujourd'hui dans cette salle pour lui rendre hommage.

Je vais retracer brièvement la vie de cet homme très discret mais qui fut un véritable héros comme tous ses camarades.

François , Marie, Jean VOIRIN de son vrai nom, est né le 14 octobre 1917 à Villey le Sec, village situé à une vingtaine de kms d'ici. Son père était gardien de batterie au fort de Villey le Sec.

Le jeune François Voirin est d'abord écolier à Toul puis il fréquente l'école primaire supérieure de Vaucouleurs . Ensuite il poursuit des études techniques dans le domaine de l'électricité et des transmissions.

En 1937, à l'âge de 20 ans, il s'engage dans l'armée au 18è Régiment du Génie et gravit un à un les échelons. En 1940, il est promu aspirant à titre temporaire.

Jusqu'à cette date, il mène une vie tout à fait normale. C'est la seconde guerre mondiale qui va changer son destin.

Il participe aux combats de mai et juin 1940 contre les Allemands et se fait déjà remarquer par son courage et son esprit d'initiative. Il est 2 fois cité à l'ordre l'Armée.

Comme des centaines de milliers de soldats français, il est fait prisonnier le 19 juin 1940 en Côte d'Or. Mais dès le 24 juillet, il s'évade du camp de prisonniers en France où il était détenu.

Il regagne alors Nancy où il habitait avant la guerre. Il est démobilisé et travaille dans une entreprise d'électricité à Nancy jusqu'au 19 avril 1941.

Le 20 avril, ne supportant sans doute plus de vivre sous le joug de l'occupant , il passe en zone non occupée et rejoint le 7 juillet 1941 un centre de transmissions de l'armée à Limoges.

Il passe clandestinement en Espagne le 15 novembre 1942, 4 jours après l'invasion de la zone non occupée par les Allemands. Il est très vite arrêté par la police espagnole et il est interné dans un camp de concentration dans le Nord de l'Espagne et se fait passer pour un ressortissant canadien pour ne pas être renvoyé en France.

Il songe à s'évader et dessine un plan pour la construction d'un tunnel.

L'ambassade d'Angleterre à Madrid le fait libérer le 22 avril 1943 et il est embarqué sur un bateau anglais, l'Argentina à destination de l'Angleterre où il arrive le 2 mai 1943.

Il décide de rejoindre les FFL créées par le général de Gaulle . Il est incorporé dans les FNFL le 18 octobre 1943 sous le nom d'Abel LARDENNOIS avec le grade de maitre-fusilier.

Il se porte volontaire pour suivre une formation afin d'intégrer les prestigieux commandos de marine et réussit les difficiles épreuves de sélection que vous avez vues dans le film . Il fait partie du prestigieux commando 4 du 1er bataillon de fusiliers-marins commandé par Philippe Kieffer et porte fièrement le béret vert et l'insigne du 1er bataillon.

Il participe au débarquement allié le 6 juin 1944 et se comporte comme en 1940 de façon héroïque pendant et après le débarquement.

Il est titulaire , en plus des deux citations de 1940, de 2 autres citations à l'ordre de l'Armée de mer et d'une citation à l'ordre du corps d'armée pour la campagne de Normandie.

Il est décoré de la Croix de guerre avec palme de bronze.

Il fait partie des 24 fusiliers qui n'ont pas été blessés pendant le débarquement et ensuite pendant les combats dans la campagne normande mais il se blesse malencontreusement avec une arme en novembre 1944 et ne pourra donc pas participer avec ses camarades au débarquement en Hollande.
 

En 1945, il est réincorporé à sa demande pour raison de santé dans l'armée de terre puis il est affecté pendant un an et demi à la mission française d'achat à Londres. Il est démobilisé en décembre 1946 mais il reste en Angleterre . Il regagne la France en mars 1948 et renoue avec la vie civile. Il reprend son vrai nom, François VOIRIN et ne fait jamais étalage de son glorieux passé et de sa participation au débarquement même pas à sa famille.

A la fin de sa vie, il habitait un petit village de la Haute-Marne, Dancevoir.

Il meurt à Chaumont le 14 septembre 1988.

Il est enterré avec sa seconde épouse dans le cimetière de Colombey les Belles dans le caveau de la famille Voirin.

C'est seulement en 2015, par un concours de circonstances extraordinaire ( beaucoup trop long à raconter ici ) que le passé de cet homme a surgi de l'oubli.

François VOIRIN alias Abel LARDENNOIS, un homme ordinaire qui a fait des choses extraordinaires mérite qu'on honore sa mémoire et que les jeunes générations ne l'oublient pas et qu'il leur serve d'exemple.

Il est comme tous ces résistants du Toulois, Suzanne KRICQ alias REGINA, Georges HANCE à qui vos camardes un peu plus âgés que vous ont rendu hommage en 2014 et 2015

Il est aussi comme les habitants de notre région qui ont fait le choix de résister à l'occupant et à l'idéologie nazie basée sur le racisme et le totalitarisme.

Je ne peux pas tous les citer mais simplement vous rappeler l'action des résistants des maquis 14, 15 et 42, du groupe Lorraine , celle des Voltigeurs de Lorraine qui ont mené de nombreuses opérations dans toute notre région.

Je vais quand même faire une exception pour vous.

Ici, à Colombey, le chef de la résistance était un gendarme, l'adjudant-chef LESPRIT "Dany" pour la résistance. Il participait la nuit avec ses hommes à des opérations de sabotage et rentrait ensuite très vite avant que les allemands alertent la gendarmerie. Il était chargé des enquêtes qui ne retrouvaient jamais les coupables !!

Beaucoup de ces résistants, comme le gendarme André Zenard de Colombey tué le 4 septembre 1944 à Villey St Etienne, ont payé de leur vie leur engagement pour que nous puissions aujourd'hui être libres. C'est notre devoir à tous, de rappeler ce qu'ils ont fait pour nous.
 

C'est aussi une des missions essentielles du Souvenir Français dont la devise est : "A nous le souvenir, à Eux l'immortalité".

 
 
 
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