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2025 : Nous tenir vivants !
Madame, Monsieur, chers amis,
Le Serment de Koufra, c'est un peu la version sud de l'appel du 18 juin. Il a resurgi dans nos mémoires à l'occasion du 80ème anniversaire de la Libération. Dans le désert de Lybie, le colonel Philippe Leclerc et une poignée d'hommes remportent, en 1941, la première victoire de la France Libre contre les forces fascistes à l'oasis de Koufra. Ils font le voeu de « ne déposer les armes que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». Du débarquement de Provence à la traversée du Rhin, il y aura bien des épreuves, mais cette promesse tenue demeure, aujourd'hui encore, l'un des plus beaux symboles du refus de la fatalité.
C'est la douzième fois que je prends la plume en tant que député pour vous souhaiter une bonne année. Jamais la tempête ne fut aussi forte dans mon esprit.
2024 fut une année de haine et de souffrances au Proche Orient et en Ukraine. Et c'est en ces temps de guerre, qu'ultime ironie, se joue une défaite commune : celle des conséquences humaines d'une trajectoire planétaire à +3,5 degrés.
L'élection américaine est un potentiel accélérateur de l'ensemble de ces tragédies. Elle est aussi le révélateur de l'impuissance actuelle des démocraties à conjurer la montée des populismes partout dans le monde. Triomphe de la force sur le plan international. Triomphe de l'individualisme et fascination des régimes autoritaires sur le plan sociétal. Nourrie par l'ère du vide et le sentiment d'humiliation, cette montée porte en elle un basculement culturel : celui du post-humanisme.
Ces sujets ne nous sont pas étrangers et cet été nous laissa « KO debout ». Certes, nous avons résisté et je veux redire ici la profonde gratitude qui m'anime envers les citoyens et les militants qui ont permis cette victoire si singulière : en dehors des métropoles, sur les trois régions du quart nord-est de la France, nous ne sommes plus que deux députés de gauche. Regardons les choses en face : le recul de huit points en deux ans. Un adversaire inconnu de notre territoire – si ce n'est par ses mises en cause pour antisémitisme – a, dans un étrange climat d'assentiment, recueilli 45% des voix. C'est brutal.
Je retire trois leçons de cette traversée de l'épreuve.
La première est l'humilité. En dehors des cercles qui connaissent et partagent notre travail politique, emporté par une vague de banalisation de l'extrême droite, nous avons perdu – avec une profonde tristesse – la confiance d'une partie des milieux populaires.
La seconde est la clarté. Nous avons passé l'essentiel de la campagne à nous justifier de ce que nous n'étions pas. Être "divers gauche" n'a pas suffi à nous affranchir de l'ombre portée par la stratégie incarnée par Jean-Luc Mélenchon. J'ai définitivement acquis la conviction que seule une gauche nouvelle ayant la justice comme boussole est en mesure de contribuer à réconcilier les Français.
La troisième leçon est celle du courage. Sans tenir compte de l'air du temps, dire mes convictions éthiques sur des sujets qui touchent au sens, comme à l'occasion de la loi fin de vie. Dire, n'en déplaise aux puissants, l'urgence vitale du partage de nos ressources et « vivre tous plus simplement, pour que tous puissent simplement vivre ».
Si la tempête ne fut jamais aussi forte dans mon esprit, c'est aussi que je vous écris au lendemain de la censure. Tout a été dit non seulement de la faute politique de la dissolution décidée par le président de la République mais également de notre impuissance à la réparer, avec cette fiction estivale que chacune des forces politiques pouvait gouverner seule.
En l'absence d'accord républicain et sauf à renoncer à notre socle de valeurs, j'ai exprimé dès le 7 juillet, que nous serions à la merci de l'extrême-droite.
La censure n'a de sens que si nous la saisissons comme une deuxième chance pour tenir notre pays debout. Trois nouveaux événements apparus cet automne nous obligent : un contexte géopolitique plus dangereux qui peut fracturer l'unité européenne, la révélation de l'ampleur du déficit public et les alertes sur notre industrie.
Cette union que j'appelle de mes voeux en 2025 suppose un dialogue visant à discerner trois familles de propositions.
La première est celle d'une poignée de fondamentaux adossés à un pacte de stabilité politique : diplomatie européenne, trajectoire de réduction du déficit fondée sur la justice fiscale, optimisation de la dépense publique pour consolider les solidarités essentielles (santé, petite enfance, grand âge), capacités d'investissement des territoires dans la transition énergétique, politique de souveraineté industrielle et agricole.
La deuxième est celle de débats pouvant faire l'objet de compromis au sein du Parlement : le travail digne à l'issue d'une grande conférence sociale, l'aménagement du territoire comme outil d'adaptation au dérèglement climatique, l'humanisation de nos services publics, la lutte contre le fléau du narcotrafic.
La troisième famille ferait l'inventaire des sujets dont nous admettrions qu'ils ne pourront être débattus et tranchés qu'au moment des élections présidentielles de 2027.
Un tel processus nous évite d'ajouter une crise institutionnelle au chaos politique actuel et concilie dans le temps une éthique de la responsabilité et celle de la conviction.
Cette capacité à nous unir dans la diversité est devenue la marque de fabrique de notre territoire, reconnu comme pionnier dans les innovations économiques, sociales et écologiques. Solutions locales, production législative et prospective : vous retrouverez ce travail conduit avec Audrey Bardot et l'ensemble de l'équipe parlementaire dans notre lettre d'information numérique hebdomadaire et celle de compte rendu de mandat annuel distribué aux 105 629 habitants de notre circonscription. Ce partage passera également par la poursuite de réunions thématiques et des rencontres citoyennes dans les 180 communes de la circonscription.
Le caractère irréductible de la dignité humaine est le grand héritage de ceux qui survécurent aux camps de la mort. C'est en pensant aux renoncements qui ont permis que cela arrive que je prends le risque de formuler ce que pourrait être notre Serment de Koufra pour 2027 : puiser au coeur même de la vulnérabilité, la promesse de bâtir une cité où personne ne sera humilié. Nous tenir vivants !
Rendez-vous le jeudi 9 janvier autour de Cédric Villani pour déchiffrer le monde qui vient, dans un esprit d'espérance.
Bonne année et bonne santé à chacune et chacun de vous !