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Dimanche 31 décembre
2024 : Justice et paix !
Madame, Monsieur, chers amis,
“Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité”. La Déclaration universelle des droits de l'homme est proclamée le 10 décembre 1948 à Paris. À l'image de René Cassin – Compagnon de la Libération – ses auteurs sont des rescapés et des éclaireurs. Ils ont combattu le nazisme, survécu à la Shoah, traversé la nuit de l'Europe. Chaque mot sonne juste et cet article premier fonde les trente suivants. Ce texte est comme une boussole éthique pour ne pas perdre le nord dans les tempêtes du monde. Au-delà des terribles effets du dérèglement climatique dont nous sommes déjà témoins, la révision à la baisse du potentiel du puits carbone de nos forêts remet en cause nos scénarios de planification écologique. Cette même semaine où j'écris ces lignes, le “pacte vert pour l'Europe” vient d'être politiquement fragilisé au point d'apparaître comme une parenthèse… Alors que la raison nous appelle à l'union sacrée face au péril climatique, partout semblent triompher les “passions tristes”. Aux frontières de l'Europe, sur les rives de la Méditerranée en Israël, en Palestine et par la lente dérive de l'Afrique subsaharienne, la guerre est de retour. Montée des totalitarismes, du terrorisme islamiste et – au long cours – dessein hégémonique de la Chine : tout donne le sentiment d'une impuissance des institutions internationales conçues pour être garantes de la paix et du co-développement. Ce monde dangereux est une bombe à fragmentation. Au coeur de nos sociétés, la violence hante nos consciences et nous assistons, sidérés, à la résurgence de l'antisémitisme. En Europe comme dans nos territoires, le populisme de l'extrême droite gagne du terrain et des digues tombent face à la “banalité du mal”. C'est avec un regard lucide sur cette fin d'année 2023 marquée par le chaos que nous devons relire le message de 1948 comme la victoire – contre toutes les violences – d'un Droit fondé sur des principes humanistes et universels. Que peut aujourd'hui le Droit pour la justice et la paix ? En 2023, à l'Assemblée nationale, en votre nom, j'ai combattu une réforme des retraites inique, soutenu une vraie transition énergétique et un partage de la valeur dans un pays où au moins trois millions de français qui travaillent doivent arbitrer entre la nourriture, le logement et les soins. À l'heure où vous lirez cette lettre, l'Europe aura, nous l'espérons, adopté une directive de régulation des multinationales inspirée de la loi française que j'ai portée sur le devoir de vigilance et, en tant que rapporteur, j'aurai rendu publiques les conclusions de la commission d'enquête sur les pesticides comme enjeu de santé environnementale. Nous rendons compte par une lettre d'information numérique hebdomadaire, un bilan annuel et des rencontres citoyennes de l'ensemble de nos travaux législatifs. Ils vont de pair avec nos efforts quotidiens sur le territoire pour consolider le socle de l'économie qui repose sur l'industrie et l'agriculture, moderniser et humaniser nos services publics et engager la transition écologique. Même si ce n'est jamais assez, nous sommes reconnus comme pionniers dans le sud lorrain. C'est, je crois, le fruit d'un état d'esprit de coopération et d'innovation qui est devenu notre marque de fabrique. En 2024, nous avons rendez-vous avec plusieurs chantiers législatifs essentiels : seconde lecture de la loi immigration, souveraineté énergétique, loi d'orientation et d'avenir agricole, réforme de l'entreprise… et fin de vie. Sur chacun de ces grands textes, nous prendrons, autant que possible, le temps d'en débattre sur notre circonscription. 2024, sera également le dixième anniversaire de la disparition de Michel Dinet. À l'automne, un événement nous permettra de relire l'oeuvre de cet “instituteur” de la République et d'en tirer les leçons pour le temps présent. Le thème que nous avons choisi est celui de l'engagement pour le bien commun. C'est une question essentielle. Il faudrait être candide pour croire que les bons sentiments nous affranchissent du besoin d'autorité ou la charité de la justice. Mais, a contrario, une société comme une communauté de Nations ne peuvent tenir sans engagement citoyen par le seul cadre du Droit, qu'il soit civil ou international. Notre tâche humaine est de rétablir le Droit lorsqu'il est bafoué, le moment venu d'en faire surgir de nouveaux. Elle est aussi d'incarner l'esprit de la loi “corps et âme”. C'est, je crois le sens, dans la déclaration de 1948, de cet “esprit de fraternité” dans lequel les êtres humains “doivent agir les uns envers les autres”. Ce que George Orwell nommait la “décence commune”, je l'entends lorsque les citoyens d'ici me disent “Est-ce que tu trouves normal que…”. Ce qui est “normal” dans la mémoire populaire, c'est ce qui est juste, que ce soit dans la civilité, la fiscalité ou le code pénal. Une part de pseudo-modernité y compris à gauche a brisé le ressort profond de cette morale commune, de cet esprit civique qui est le sel de nos vies. Je pense notamment à ce matérialisme effréné qui nous fait à la fois esclave et roi, à cette “libération” du spirituel qui s'achève dans l'idolâtrie de soi, le consentement à la servitude marchande, une société anonyme. Les conséquences n'en sont pas seulement sociales – avec le délitement du lien – mais écologiques : comment engager la transition vitale de la sobriété et du partage si notre imaginaire est dominé par le seul récit publicitaire ? Cette dépendance à la marchandisation du monde n'est pas indifférente à la question de notre souveraineté politique dès lors que notre modèle de développement est placé sous respiration artificielle par des puissances totalitaires. L'engagement donc, comme un décentrement, une façon d'être au monde “avec et pour les autres dans des institutions justes”. Nous n'avons pas vocation à être spectateurs du destin de notre démocratie en 2027 ! Chacun peut faire sa part là où il est. L'engagement, c'est la certitude d'un effort personnel contre la promesse d'une joie partagée : c'est une mise en mouvement. Le temps de la relève est venu. Nous avons créé, depuis trois ans, le parcours universitaire “Humanisme et politique” parrainé par Jacques Delors. Nous avons l'ambition de décliner cette formation sur notre circonscription en 2024, avec la pédagogie propre à l'éducation populaire. Chaque jour, de Thiaucourt à Colombey, de Toul à Vézelise et de Liverdun à Neuves-Maisons, j'ai le bonheur de rencontrer des personnes qui veulent “vivre debout avec tous ceux qui ne peuvent plus marcher”. J'exprime ma gratitude à chacun de vous ! Merci également à Audrey, députée suppléante, pour sa mobilisation à mes côtés, à Suzanne, Hugo, Nicolas et Clara, la belle équipe qui nous accompagne. Rendez-vous le 11 janvier autour de Pascal Brice pour entendre ensemble “le cri de la Terre et le cri des pauvres”. Bonne année et bonne santé à chacun de vous, que 2024 nous donne la force de l'engagement ! |